Peter Silberman, que ce soit avec The Antlers ou en solo, compose une musique irradiante de beauté, on retrouve bien dans sa sélection toute la sensibilité qui transpire de ses chansons. On ne saura trop conseiller l’écoute de Green To Gold, le dernier né de The Antlers, un soupçon plus apaisé, un soupçon moins complexe.
Parfois on ne comprend pas pourquoi une musique nous bouleverse et parfois on ne souhaite même pas se l »expliquer. Qu’il soit frontal dans l’émotion, la douleur ou le désespoir comme sur l’hystérique mais sublime Hospice, qu’il soit brumeux et vaporeux comme sur l’extraordinaire Familiars, Peter Silberman de The Antlers s’affirme sans jamais en avoir lui-même conscience comme l’un des meilleurs songwriters en activité, comme l’un des plus belles voix contemporaines.
On a eu envie de comprendre un peu l’homme derrière sa musique, il se dévoile à travers une série de disques qui lui ressemble.
5 disques du moment :
Thomas Bartlett – Shelter
Des compositions à la fois toutes simples et saisissantes jouées au piano simples qui m’ont procuré de nombreuses heures de calme au cours de ces derniers mois. J’ai pratiqué mes talents de pianiste, certes amateurs, ces derniers temps, et ces chansons m’ont beaucoup appris sur mon propre rapport à cet instrument que je maîtrise encore mal.
Frankie Reyes – Boleros Valses y Mas
Cet album de compositions pour synthétiseur analogique m’aide à me concentrer lors d’une journée pluvieuse passée à l’intérieur, à essayer de travailler. Je trouve que je peux l’écouter encore et encore, et plus je le répète, plus je me concentre.
William Tyler – New Vanitas
Cela fait longtemps que le travail de William me subjugue, je l’avais repéré il y a bien longtemps avec Lambchop. Des guitares magnifiquement enregistrées qui sonnent comme de vieilles cassettes pourries qu’on retrouverait un peu par hasard enterrées depuis des années. J’ai été immédiatement attiré par cet album car je travaille toujours à enregistrer des guitares en haute fidélité, puis à les dégrader par divers moyens – transfert sur cassette, traitement avec des bandes ou des délais analogiques, distorsion de vieux tubes. Le son des guitares sur cet album est un excellent exemple des possibilités qui peuvent exister.
Emily A. Sprague – Hill, Flower, Fog
Une collection complexe, hypnotique et un peu paradoxale de morceaux construits à partir de boucles de synthétiseurs modulaires, qui finissent par trouver un sens, c’est typiquement le genre de musique qui me stimule. Comme l’album de Frankie Reyes, celui-ci bénéficie de la répétition. Après un certain temps, cette musique finit par m’ouvrir à un état second.
5 disques pour toujours :
Marvin Gaye – What’s Going On
Que peut-on dire de cette chanson ? C’est le printemps ici et c’est le premier album que je consulte lors d’une promenade en voiture ensoleillée à la campagne. C’est joyeux, même lorsqu’il parle du monde qui se meurt, ce qui témoigne de son débit sans effort. L’album a un élan indéniable, où les chansons se succèdent, ce que j’ai essayé de faire occasionnellement, mais jamais autant que cet album.
Joao GIlberto & Stan Getz – Getz / Gilberto
J’ai découvert cet album il y a quelques années seulement, mais il m’est resté en mémoire comme un révélateur d’humeur, et il en est venu à créer un sentiment de point d’ancrage pour moi lorsque je me trouve dans un nouvel endroit. Il a une uniformité que j’ai essayé de reproduire dans mon propre travail ces dernières années, bien que dans un style radicalement différent. Elle est fiable et stable.
Nick Drake – Pink Moon
J’écoute cet album depuis que j’ai environ 15 ans, et il a touché un sentiment mélancolique particulier comme aucun autre ne peut le faire. La simplicité de l’instrumentation et la complexité de son jeu de guitare sont une belle juxtaposition, et les chansons sont étonnamment difficiles à reproduire car il utilise des accords non conventionnels tout au long de l’album. De plus, ce n’est que récemment que j’ai réalisé la brièveté de cet album, car je l’ai toujours écouté en boucle sans jamais vouloir qu’il se termine.
Van Morrison – Astral Weeks
Aucun album n’a vraiment réussi à capturer ce que celui-ci a fait, en étirant le temps à l’infini avec des éléments aussi simples. Les chansons ont une forme mais deviennent informes, les passages instrumentaux les transportent dans un autre royaume transformant au passage la rengaine du refrain en quelque chose d’à la fois familier et singulier. J’ai essayé de créer quelque chose de similaire pour mes derniers albums, mais je n’ai pas réussi à m’en approcher. C’est quelque chose qui ne devrait pas fonctionner mais qui, d’une certaine manière, fonctionne. C’est certainement une sorte de magie.
The Beatles – Abbey Road
Un choix si évident qu’il est facile de négliger ce qui est réellement étonnant dans cet album. Il associe certaines de leurs expérimentations post-acide les plus étranges à un grand nombre de leurs chansons les plus merveilleusement écrites. L’un de mes moments préférés a toujours été la section finale de I Want You (She’s So Heavy), la façon dont elle répète cette progression sinistre apparemment sans fin, mais qui se termine brusquement, puis est suivie par l’une de leurs chansons les plus sereines.