Première partie de notre rencontre avec Emil Svanängen, le chanteur et musicien à la barre du projet Loney Dear depuis 17 ans déjà. Il évoque ici sa rencontre avec Peter Gabriel, son dernier album, sa découverte du piano comme instrument de composition et son envie de simplifier sa musique.
Il aura fallu attendre sept ans longues années pour voir revenir le suédois Loney Dear revenir aux choses musicales avec son album de 2017. Pourtant, un avenir radieux lui était promis, on était nombreux à le considérer un peu comme une réponse de l’Europe aux propositions mélodiques d’un Sufjan Stevens. A Lantern And A Bell pourrait être un peu son Carrie And Lowell à lui, on a voulu comprendre qui se cachait derrière cet alias, savoir qui était Emil Svanängen ?
Benzine Magazine : Emil Svanängen, vous revenez avec le huitième album de Loney Dear avec un titre quelque peu énigmatique et je crois bien qu’en général, plus un titre est énigmatique, plus il en dit long sur les intentions de l’artiste au moment de présenter cette nouvelle œuvre. Vous pouvez nous expliquer ce fameux A Lantern And A Bell ?
Emil Svanängen : Je crois bien qu’honnêtement le titre de ce disque est surtout dû à la chance, cela fait référence à une chanson sur laquelle nous avons travaillé sur notre album de 2017 mais que nous n’avons pas ensuite retenu. Je comprends ce titre comme une sorte de référence à une image qui me hante d’une personne qui aurait disparu et d’une foule à sa recherche… ça peut être vous ou moi ou quelqu’un qui est dans la peine ou affligé par une douleur inconnue. La lanterne pourrait évoquer un phare peut-être, et la cloche, le son de ralliement d’une foule à la recherche d’un disparu.
« Le piano est un outil tellement inventif, comment ai-je-pu vivre sans jusqu’ici ? »
C’est votre deuxième disque signé sur le label Real World après le magnifique Loney Dear en 2017. Comment vous êtes-vous retrouvé sur le label de Peter Gabriel et qu’avez-vous en commun selon vous avec Peter Gabriel ?
Emil Svanängen : J’ai appris qu’il s’intéressait à mon travail depuis très longtemps. C’est par la chanteuse Jennie Abrahamson que la connexion s’est faite. Peter a collaboré avec elle, en particulier sur scène. Peter lui avait demandé des playlists de musiciens du nord de l’Europe avec pour consigne de lui faire découvrir ce qu’elle jugeait absolument indispensable, et elle m’a mis dans le lot.
Je crois que l’on a pas mal de choses en commun Peter et moi. La principale différence étant qu’il était une rock star à 20 ans, moi à 20 ans, j’étais tout sauf une Rock Star (Rires). Sur ce point, nous sommes très différents. Il avait probablement une grande confiance dans son art dès le début, et sur ce point, nous sommes encore très différents. Je crois que lentement je gagne en maturité et en confiance.
Ce qui nous rapproche ce sont les musiques qui cherchent à innover, on adore la technologie, les techniques et les approches diverses face à cette technologie. Ce qui nous rapproche c’est cette passion pour la musique et pour la création musicale. Il est d’une autre génération que moi, il a vécu dans un monde différent du mien, il a eu la chance d’avoir accès à ces instruments et ces technologies en avance sur leur temps, dans les années 80, des instruments auxquels personne n’avait accès. Aujourd’hui, c’est beaucoup plus facile de travailler sur ce genre de matériel, les prix se sont largement démocratisés. Je ne dis pas que la musique de Peter Gabriel a existé durant ces années-là seulement parce qu’il avait cet accès à ces technologies d’avant-garde mais il a su en tirer le meilleur. Je crois qu’aujourd’hui, la technologie n’est plus une limite pour la musique, c’est un élément de l’ensemble.
Je parlais il y a peu avec un ami de ce rapport à la créativité de la musique par rapport aux autres arts, je lui disais que j’ai été très longtemps passionné par la composition à partir des ordinateurs et que j’ai pris conscience il y a peu de la puissance du piano comme outil de création. Je ressens un peu ce que les gens ont ressenti la première fois qu’ils ont eu un Iphone entre leurs mains. C’est un outil tellement inventif, comment ai-je-pu vivre sans piano jusqu’ici ? Je crois bien que redécouvrir la composition musicale plus traditionnelle et de repenser ma musique en laissant de côté la technologie m’ont mené vers une approche tout aussi moderne de la musique que ce que je faisais dans le passé.
Puisque nous parlons de Peter Gabriel, voilà ce que dit Peter Gabriel de votre musique : « Des mélodies tristes et mélancoliques qui créent un espace dans votre tête, rempli de souvenirs, de rêves et de tendresse. Je suis très fier que nous travaillions avec un auteur-compositeur aussi doué. Quand on s’isole, quoi de mieux que d’être enveloppé dans ces belles constructions imaginatives. Ce que j’aime dans la musique d’Emil, c’est qu’il y a une large place pour l’émotion mais aussi pour la tête dans l’harmonie, les arrangements et les paroles. L’œuvre d’un maître ». Où cherchez-vous à amener vos auditeurs quand vous composez et vous reconnaissez-vous dans cette description de Peter Gabriel ?
Emil Svanängen : Je rougis car ce sont des mots fantastiques, il m’a dit quelque chose qui m’a beaucoup touché même si je pense qu’il se trompe. Il m’a dit que l’on écouterait encore cette musique dans cent ans, cela m’a particulièrement touché car je crois que Peter a frappé juste en disant cela et qu’il a bien compris ce que je cherche à faire musicalement, je ne cherche pas à faire de la musique moderne. Quand votre seul but est de faire une musique qui s’inscrit dans le temps présent, il y a peu de chance que cette musique vous survive. Bien sûr, un musicien s’inscrit toujours dans son temps et dans la pulsation du moment, A Lantern And A Bell par exemple est bien de son temps mais je ne réfléchis pas ma musique dans l’instant présent mais à elle dans dix ou vingt ans. J’essaie de composer des chansons qui ne soient pas figées mais qui puissent évoluer dans le temps.
C’est un album dont je suis très fier, cela faisait longtemps que je n’avais pas ressenti cela par rapport à ma musique, c’est au plus près de ce que je souhaite composer, j’ai laissé de côté beaucoup de ce qui faisait ma manière de travailler jusqu’à présent, je suis sorti de ma zone de confort. Cela peut paraître ridicule de dire ça mais c’est vrai. C’est un disque où j’ai su lâcher prise, ce qui est énorme pour moi.
Ce qui m’a beaucoup influencé dans cette envie de changement dans mon approche de la composition, c’est la découverte d’écrits de John Cage qui m’ont ouvert à une autre dimension plus orientée sur le hasard. Je ne suis pas forcément touché par la musique de John Cage mais ces mots ont été un révélateur pour moi. Cette plus grande ouverture au hasard est peut-être la seule voie pour faire évoluer la musique. Je fais de mon mieux pour faire la meilleure musique possible mais j’ai compris depuis peu que peu importe le résultat finalement, ce qui compte c’est de tenter et d’expérimenter. Avec A Lantern And A Bell, j’ai essayé de faire peu avec peu et de me délester de ce qui me pesait.
« Il y a toujours eu un fossé entre mes disques et ce que je proposais en concert. »
Dans un entretien passionnant avec Peter Gabriel que l’on peut retrouver sur la chaine Youtube du label, vous parlez tous les deux de votre processus créatif. Cet entretien a été enregistré au moment de la sortie de votre disque en 2017. Déjà à l’époque, vous commenciez à travailler sur ce nouvel album. Vous lui aviez donné ce nom de travail, Piano. Vous affirmiez déjà à l’époque avoir envie d’aller vers plus de simplicité. C’est vrai que, y compris votre album de 2017, votre musique était souvent une suite d’arrangements complexes par couches successives. Je crois qu’il ne faut pas interpréter cette simplicité par de la facilité ou encore du minimalisme mais c’est vrai qu’à écouter A Lantern And A Bell, le son évolue vers une autre dimension…
Emil Svanängen : Quand un album est fini, je suis déjà dans la création du suivant, ce qui n’aide pas toujours pour la promo (Rires). Quand je pense au prochain album, je l’imagine dans la continuité de A Lantern And A Bell, avec l’idée d’aller vers des choses plus simples… peut-être qu’on y ajoutera des arrangements et d’autres instruments. Je ressens autant de passion pour l’album à venir que pour celui-ci, ce qui est très stimulant d’un point de vue créatif. J’ai pris un peu de distance avec l’album de 2017, je l’aime bien mais il reflète ce que je faisais à l’époque et que je ne souhaite plus faire. Je me rappelle bien que quand j’évoquais ce qui devait devenir A Lantern And A Bell, je parlais toujours d’une envie de simplicité. Maintenant je l’ai fait et je continue de parler de simplicité.
Pendant longtemps, vous étiez presque l’anti Mark Hollis cherchant à cacher des choses dans la musique en développant un caractère presque symphonique. Aviez-vous peur du silence et de ce qu’il peut apporter en contrepoint à la musique ?
Emil Svanängen : C’est assez juste cette anti comparaison à Mark Hollis dont j’admire tant le travail. Il y a toujours eu un fossé entre mes disques et ce que je proposais en concert. Durant mes concerts, je jouais avec l’espace des salles comme un outil dans une approche qui pourrait ne pas être si éloignée de Mark Hollis mais je ne parvenais pas à rendre cela sur disque. J’ai longtemps recherché à reproduire cela mais en vain. Cela ne fait que très peu de temps que j’ai réussi à faire la connexion, le live et l’album studio ont enfin une chance d’être une part distincte d’un même processus.
Sur mes autres albums, j’utilisais beaucoup de chœurs, 5 chants différents souvent. Quand vous devez reproduire ça sur scène, cela devient 5 voix humaines, 4 chanteurs et moi. Sur ce disque, c’est ma voix et quelques petits ajouts. S’il y a quelque chose que j’ai appris récemment, c’est que si je souhaite parvenir à un résultat enthousiasmant sur scène, je dois ne plus utiliser toutes ces voix lors des enregistrements car en Live, ces voix racontent autre chose. On ne peut pas demander à des musiciens de chanter tout doucement car c’est un peu un gaspillage de leurs capacités. Pour revenir à la vision que je me fais du prochain album, j’ai cette vision très claire de ce que je veux faire dans le futur car j’ai appris avec A Lantern And A Bell et cela m’a permis de voir les défauts de mes albums plus anciens.
Ce choix d’évoluer vers plus de facilité signifie-t-il que vous portez un regard critique sur vos autres disques ?
Emil Svanängen : Oui, je ne suis pas à l’aise avec mes disques les plus anciens, je crois qu’il y avait un manque de connexion entre ce que j’avais en tête avant d’enregistrer mes chansons et le résultat final. J’ai fait quelques plateaux télé en Suède l’année dernière et pour me préparer à ces émissions télé, j’ai revu ce que j’ai pu faire par le passé à la télé il y a une quinzaine d’années, on peut les retrouver sur Youtube et de tout ce que j’ai regardé, rien n’était vraiment bon. C’est moi, les chansons ne sont pas mauvaises mais il y a tellement d’approximations dans l’interprétation. Cela me donnait l’impression d’un chanteur qui n’était pas vraiment là.
Je suis très critique par rapport à mon travail de l’époque surtout en raison du fait que je ne cherchais pas vraiment à embarquer l’auditeur dans mon univers. C’était un peu comme si je chantais dans pleins de directions mais sans jamais vraiment y croire. Il en va de même des paroles, des compositions et des arrangements, certaines de mes paroles me mettent très mal à l’aise aujourd’hui, je suis même embarrassé par certaines de mes chansons. J’étais sans doute trop préoccupé par la technologie et les claviers, l’envie de créer du symbole plus que du sens car ce qui m’intéressait à l’époque c’était de traduire le chaos à travers une musique très orchestrale. J’allais trop dans tous les sens, jouant sur tous les registres.
De tous les albums que j’ai faits, mon préféré reste Loney Noir, c’est le premier où j’ai tenté cette voie de la simplicité, j’avais imaginé ce disque comme une maison de poupées avec des instruments miniatures et donc des sons qui allaient avec le concept, le problème c’est que le disque était difficilement traduisible sur scène. Je ne pensais jamais les disques dans ce qu’ils pourraient donner sur scène, ce qui est une grave erreur. Un disque et un concert, ce sont deux médias absolument différents. C’est comme quand vous écrivez, vous écrivez avec des buts différents. Choisir la simplicité, ce n’est pas me compromettre, c’est faire avancer ma musique.
Parlons, si vous le voulez bien, du piano qui est selon moi l’articulation sonore du disque. Vous dites du piano que c’est un instrument mort, presqu’un non-instrument. Pourquoi ?
Emil Svanängen : A vrai dire, je dois avouer que je ne suis plus sûr d’être d’accord avec ce que j’ai dit il y a quelques mois. D’une certaine manière, c’est vrai que le piano est un non-instrument. Prenons l’exemple d’un artiste qui peint à l’encre, telle personne qui verra le tableau dira « Pourquoi est-ce peint en noir et blanc ? Cela ne ressemble pas à la réalité car la réalité est colorée » alors que telle autre verra le contraste entre l’encre et le papier blanc.
C’est un peu pareil avec le piano. Le piano, ce n’est pas l’orchestre, ce n’est pas le groupe, c’est un archétype de la Musique, c’est presqu’un symbole de la musique. C’est un instrument qui sonne merveilleusement, c’est peut-être l’instrument qui symbolise le mieux cette fameuse note bleue. Le piano est en soi une partition écrite, c’est un non-instrument quelque part comme le noir n’est pas une couleur ou le blanc, c’est peut-être un instrument noir et blanc. Un de mes héros c’est le pianiste de jazz suédois Jan Johansson. Il jouait de vieilles chansons folk en y ajoutant une vraie touche Jazz, il a toujours eu un son absolument singulier au piano comme si son instrument parlait, cette manière qu’il avait de ne toucher qu’une seule note. Il disait que pour lui, peu importait qui pressait la touche, le son sortait toujours de la même manière, peu importait le musicien qui jouait de ce piano. L’interprétation au piano n’est qu’un acte physique par la pression des doigts.
Je suis en partie d’accord avec ce qu’il dit mais j’ai envie d’y joindre une forme de contradiction, ce qui fait l’interprétation, c’est aussi comment tu appuies sur le clavier, combien de temps tu fais durer la note. Il y a d’autres facteurs qui rentrent en ligne de compte mais c’est vrai que ce sera difficile de distinguer un bon pianiste d’un mauvais en entendant une seule et simple note. Je crois que tout ce qui se joue avec le piano est dans un rapport essentiellement physique à cet instrument. En utilisant d’autres instruments, tu peux obtenir des sons très différents à partir du même instrument, prenez une guitare ou un violon par exemple. Ce n’est pas le cas avec un piano.
Je suis de plus en plus passionné par la musique classique, j’ai pris conscience de la richesse de cette musique par cette capacité qu’elle a à vous proposer une multitude d’interprétations d’une même œuvre. Certaines sont puissantes, d’autres ternes, certaines sont douces et sensibles, d’autres plates. Ces interprétations font que c’est presqu’une musique différente d’une sensibilité à une autre pourtant avec les mêmes notes jouées et les mêmes instruments. Cela m’a sauté aux yeux il y a environ cinq ans et je crois que c’est de là qu’est née ma volonté de simplifier ma musique. C’est tellement dommage de ne pas montrer cet aspect de la musique classique quand on fait des cours d’éducation musicale, on imagine ce courant de la musique comme un truc figé, un monument ou un musée alors que c’est en perpétuel mouvement. C’est différent avec la Pop, les musiciens peuvent vous jouer le morceau exactement de la même manière 30 ou 40 fois, cela n’enlève pas de qualité à la Pop, c’est juste un fait.
« à force de toujours vouloir gravir des sommets, aller toujours plus haut, j’ai fini par me perdre. »
J’ai lu dans un entretien pour préparer cette rencontre que vous disiez, je vous cite « Je ne suis pas quelqu’un de très productif, je parviens à écrire une, peut-être deux bonnes chansons par an, pas plus. » Cela explique-t-il votre absence si longue entre Hall Music (2011) et Loney Dear (2017) ? Est-ce difficile pour vous de savoir quand une chanson a atteint son état définitif ?
Emil Svanängen : Je crois que je me trompais quand je disais ça, à cette époque-là j’ai traversé une sale et longue période dans ma vie où j’étais très déprimé. J’avais l’impression de ne rien réussir à sortir de bon, je n’allais nulle part avec mes textes, je ne trouvais pas une bonne équipe sur qui m’appuyer pour sortir mes disques, je crois bien que durant cette période-là, je n’ai pas été loin de tout arrêter. Je crois bien qu’avec cette dépression, je me suis un peu retiré du monde d’une certaine manière, j’avais atteint une forme d’épuisement sans même m’en rendre compte. La question n’était pas que je n’étais pas productif mais plutôt que j’avais un peu perdu le contrôle de moi-même. Avec le recul, je crois que j’étais à la fin d’une manière de faire les choses dont j’ai dû faire le deuil et ça a été très douloureux.
A cette époque-là, j’écrivais tout sur PC, c’était une manière monomaniaque presque psychotique de faire de la musique. Cela peut être génial comme manière de faire mais pour quelqu’un comme moi qui ne sait pas se donner de limites, cela a été très toxique. A l’époque, je voulais toujours amener ma musique plus loin et encore plus loin comme un avion qui essaie de dépasser le mur du son. Le problème c’est qu’à force de toujours vouloir gravir des sommets, aller toujours plus haut, j’ai fini par me perdre. Les montagnes me paraissaient d’un coup toutes petites et sans intérêt. J’avais perdu cette boussole qui me guidait un peu au début de ma carrière. Je vois les choses fort heureusement très différemment qu’en 2011 où je disais ce que vous venez de citer.
Revenons un peu dans votre passé si vous voulez bien. Vous êtes né à la fin des années 70 en Suède. A quoi a ressemblé votre enfance ?
Emil Svanängen : Je crois que souvent les gens qui ont des problèmes psychologiques voient ces problèmes apparaître à la fin de leurs études car avant cela, vous vivez une vie plutôt routinière, car vous avez l’objectif de vos études. C’est le cas pour moi, dès que j’ai terminé mes études, j’ai pris conscience des vraies difficultés avec lesquelles j’allais devoir me battre toute ma vie. Entrer dans l’âge adulte, c’est devoir assumer ses propres choix. J’ai eu une enfance très heureuse avec toujours quelque part cette angoisse et cette peur que je maîtrisais encore à l’époque. J’ai toujours eu un peu l’impression d’être en dehors de la vie, que quelque chose ne tournait pas vraiment rond chez moi. C’est super compliqué de prendre la décision de devenir un artiste mais en même temps, je ne sais pas si c’est vraiment un choix. Pour devenir un artiste, il faut essayer de trouver un équilibre entre la croyance en soi et le doute permanent. Ce qui est drôle, c’est que certaines des choses que je fais maintenant sous le nom de Loney Dear, je rêvais de le faire quand j’étais gamin.
Adrian Crowley que j’ai interviewé il y a peu me parlait de la création comme une voie possible pour revenir au territoire de l’enfance.
Emil Svanängen : Je crois que c’est très juste si on comprend l’enfance comme le temps du jeu mais en même temps je ne pense pas que le jeu soit seulement pour les enfants. Je crois que ce qu’il y a de commun entre l’acte de création et l’enfant c’est que contrairement à l’adulte qui est quand même très égocentré, l’enfant est ouvert au monde qui l’entoure et aux stimuli que lui renvoie ce monde.