Le duo parisien Il Est Vilaine sort son premier album, Les mystères de Lorient, de l’électro-pop vintage au début du 21ème siècle. 12 titres sophistiqués, solides et variés qui lorgnent du côté des années 80. Parfait !
Le duo Simon Says et Florent Frossard – réunis pour la scène sous le nom d’Il Est Vilaine – sort (enfin) son premier album, Les mystères de Lorient ! Ah la Bretagne !? Pas particulièrement – Simon et Florent sont parisiens. L’humour, alors ? Oui, le calembour… on trouve sur l’album des morceaux comme Arty Show, Phare Ouest, Cris en Thème, Ride de Veau, Bar à Gwin… Rions – allez, sourions au moins – des titres parce qu’avec la musique, les choses sérieuses commencent.
Il faut dire que le duo a quelques années d’expérience et pas mal de maxis derrière lui – formé en 2014 et 4 maxis : Scandale (2014), Surf Rider (2015), Une petite Satu (2016), La Regla del Juego (2017), Vilaine (2019). Le temps était venu de passer à quelque chose de plus ambitieux, à un format plus long qui leur permette de faire de la place à toutes leurs idées, à toutes ces groupes qu’ils ont écouté et qu’ils mixent en soirées (quand c’était possible). Une pandémie, tout qui s’arrête, le temps de composer un album et voilà. On retrouve les rythmes, les ambiances, les références qu’on avait aimé sur les précédents morceaux, mais en différent. Simon Says et Florent Frossard n’ont pas repris ce qu’ils avaient fait. Ils ont composé 12 titres totalement nouveaux. Ils ont invité des tas de gens qu’ils connaissaient et dont ils appréciaient le travail. Les mystères de Lorient est un album riche et varié, une électro sophistiquée et riche, qui fait écho à ce que les meilleurs groupes (DAF, Telex, Two Lone Swordsmen … et bien d’autres) ont produit pendant les meilleurs années de l’électro-techno-pop (les 80’s). Mais, ATTENTION, pas de confusion et d’erreur : Les mystères de Lorient n’est pas un album de citation pour spécialistes. Ce n’est pas une série de vignettes indépendantes. C’est un vrai album cohérent, un album de spécialistes qui pensent et qui montrent qu’on peut encore faire de la techno-électro-pop mode 80’s au (presque) début du 21ème siècle. C’est un album terriblement moderne et actuel qui s’inscrit dans une tradition.
Impossible de parler de l’album titre par titre, tant chaque titre est différent, a sa propre ambiance, sa propre vie… et aussi parce qu’il est difficile de mettre un morceau au dessus ou en dessous des autres. Il y a des morceaux plus dark que d’autres évidemment – Yvré l’Evêque, avec ses rythmes concassés, ses sirènes et presque indus, et la voix grave de C.A.R.(Chloé Raunet) – des morceaux plus rapides – Cris en Thème – Devo ? Telex au moins ! – ou Ride de Veau, un morceau énervé et très techno. Certains titres sont plus lents – Marilyn Drum, et ses chants en Allemand… Markus, qui n’est qu’un ordinateur. Marilyn Drum rappelle vraiment les premiers titres parus sur WARP dans les années 80, ce qui est le cas aussi du remarquable Bar à Gwin avec Macdara (quelque chose de Tricky?). On change un peu d’ambiance avec le très beau Phare Ouest – un morceau qui commence comme À bicyclette et qui finit en morceau très pop, très électro et romantique en diable grâce à la belle voix de Yula Kasp. Et l’encore plus beau – non, en fait, ça se discute – Les mystères de Lorient sur lequel chante Narumi Herisson, un morceau difficile à décrire, avec ses rythmes ronds, la mélodie entêtante. Une ambiance si particulière. Sans compter Agitation, une reprise de Christophe, un morceau assez lent et rock qui devient ici lent et très technoïde. Il y en a 12 comme ça. Inutile de dire qu’il y a de quoi s’éclater !
Alain Marciano