On n’attendait pas grand-chose de la suite de Qui a Tué Sara ?, notre récent plaisir régressif en forme de telenovela mexicaine… et pourtant, c’est encore pire que prévu : un gloubi-boulga scénaristique qui ne recule devant aucun excès et qui perd totalement le fil d’une histoire devenue absurde.
Deux mois se sont à peine écoulés depuis notre découverte de Qui a tué Sara ?, la série mexicaine de tous les excès, qu’Ignacio Valenzuela nous livre déjà une seconde fournée d’épisodes de sa tragédie outrancière sur la Famille Lazcano et ses sombres secrets. Est-ce un bien ? On peut sérieusement en douter tant l’équipe de scénaristes semble avoir lâché la rampe et se contente désormais de dévaler les escaliers le plus rapidement possible, au détriment de toute crédibilité. Car finalement, puisqu’une partie non négligeable du public captif de la plateforme Netflix est accro aux excès en tous genres proposés dans la première saison, autant aller encore plus vite dans l’accumulation de retournements de situation improbables et dans l’enchaînement de scènes à proprement parler aberrantes : si le téléspectateur n’a pas le temps de réfléchir, de digérer les grosses ficelles qu’on lui fait avaler, tout devrait aller bien, non ?
Eh bien, pas vraiment, car même dans le monde bodybuildé et lifté de la novela mexicaine, trop, ça peut être trop… On avait compris que l’idée de départ de cette seconde saison était de nous révéler que personne parmi les protagonistes de la première ne connaissait la véritable personnalité – troublée, déviante – de la jolie Sara, ni son héritage génétique qui va constituer le sujet central de la saison. Passons sur les approximations assez révoltantes qu’on nous impose d’emblée quand il s’agit de dépeindre les schizophrènes comme de dangereux psychopathes (nous sommes malheureusement habitués à ce genre de raccourcis dans le cinéma hollywoodien…), et regrettons plutôt la multiplication d’alliances « contre nature » entre les personnages, les fréquents revirements d’opinion qui défient toute logique, le fait que les résolutions de situations ou les découvertes d’éléments-clés de l’histoire adviennent soit du fait de la présence peu explicable de protagonistes au même endroit au même moment, soit de la découverte d’objets improbables, comme la fameuse cassette vidéo du dernier épisode.
Dans ce processus quasi-hystérique de complexification, avec ajout de nouveaux intervenants, avec dévoilement d’une intrigue « souterraine », quelque chose se perd de l’intérêt initial, qui reposait avant tout sur les secrets honteux de la famille Lazcano et sur le mystère de l’accident dont avait été victime Sara. Trop de circonvolutions inutiles qui ne débouchent sur rien de tangible, comme le ridicule affrontement initial dans le parc d’attraction, ou la disparition de César, trop de décisions insensées dans la dernière partie (l’incendie du casino qui se transforme en piège, le « sacrifice » de Chema, etc. etc.), trop de scènes qui tombent dans le ridicule et ne provoquent plus que des haussements d’épaules, voire des rires gênés…
Et le pire est que, finalement, cette seconde saison apporte in extremis toutes les réponses attendues, et pourrait offrir une résolution à peu près satisfaisante de la question de « Qui a Tué Sara ? »… jusqu’aux toutes dernières minutes, littéralement consternantes quand on découvre un « nouveau twist » introduisant une… troisième saison ! C’est-à-dire véritablement la dernière chose dont le monde avait besoin !
Eric Debarnot