En France, les rois du surf se nomment Les Agamemnonz. Avec leur troisième album, Amateurs, ils affichent toujours une préférence pour les tuniques grecques, les vagues instrumentales et orchestrales teintées de british beat.
Loin des clichés rigoureux de la musique surf instrumentale, devenue quelque peu désuète avec ses guitares héroïques et ses rythmes nerveux, les français au nom zinzin Les Agamemnonz explosent les barrières du genre. À croire que les quatre rouennais ne sont pas restés bloqués sur Pulp Fiction ou Bonanza mais se sont aussi fourvoyés dans ces immenses classiques que sont Ne Nous Fâchons Pas et Il Etait Une Fois Dans L’Ouest.
Première entorse, ces types ne portent pas de costards cintrés avec la coupe gominée réglementaire, mais ont bien les cheveux longs et sont revêtus de tuniques antiques grecques. Deuxième entorse, ils nous pondent une pochette de disque qui renvoie aux bandes dessinées des années cinquante, en apparaissant, non pas au bord d’une plage, mais en pleine forêt. Mais surtout ils composent des titres fougueux aux mêmes arrangements subtils et cinématographiques que chez Enio Moricone, adossés à une verve Rock ‘n’ roll croisée chez le biker fou Davie Allan And The Arrows.
Les frères Bonaventure (Benjamin à la guitare lead et Grégory à la basse), Simon Ripoli-Hurier à la guitare rythmique et le batteur André Pasquet ont aussi fait appel à une multitude de musiciens additionnels. Bugle, trompettes, violon et pianos se battent tour à tour pour ravir la vedette aux guitares. Pinacles du disque, Thème, Xiphias et No Shoes No Service mettent le feu à la Party de Blake Edwards et accessoirement aux jupes des filles et collectionnent les atouts : la pêche, les mélodies et les orchestrations d’enfer ont signé, chez eux, un C.D.I.
Les chevauchées galopantes d’Artemis et Mount Capitola garantissent la sortie du labyrinthe parsemé d’embuches rythmiques et d’arrangements affolants. Avec cette touche pop qui les propulse dans une autre dimension… la leur. Quelques improvisations corroborent la virtuosité du quatuor sur Air Force et Mount Harissa alors que la mambo enflamme Attention.
Après les grecs de Green Cookie Records, les français de Kytihibong, c’est au tour du label américain Hi-Tide Recording de s’intéresser à ce groupe. Soyons certains que dans le pays de la surf music Les Agamemnonz seront autant exotiques que leur nom leur sera imprononçable.
Mathieu Marmillot