On avait tous été bluffés par la première réalisation de l’acteur populaire John Krasinski, Sans un Bruit. Si une suite à ce succès commercial était inévitable, Krasinski nous évite toute déception en ne livrant pas une copie, mais bien un blockbuster « classique » à l’indéniable efficacité.
Sans un Bruit, le premier film réalisé par l’acteur John Krasinski, avait fait son petit effet en 2018 : à partir d’une très belle idée comme point de départ (faire du bruit est mortel dans un monde envahi par des monstres invincibles mais aveugles), la qualité de ma mise en scène et de l’interprétation permettait au film de trancher clairement par rapport à la production standard de films de SF ou d’horreur. L’expérience proposée au public en salle avait quelque chose de quasi révolutionnaire, puisqu’on parle de 1h30 de quasi-silence « imposé » aux spectateurs qui s’y plièrent sans se faire prier !
Il était inévitable que, vu le succès commercial du film, Krasinski remette le couvert pour un 2ème volet qui ne s’imposait pas franchement… et ce d’autant que les copies basées sur des concepts similaires avait proliféré sur les plateformes (comme le mauvais Bird Box sur Netflix), gâchant à l’avance notre plaisir…
Et pourtant, pourvu qu’on ait accepté d’avaler la pilule de la léthalité d’un larsen d’appareil auditif – une idée qui nous avait quand même gênés à la fin de Sans un Bruit -, Krasinski livre une nouvelle fois une très bonne copie, et l’un des films fantastiques les plus regardables sortis depuis un bon moment… Et ce malgré la décision qu’il a prise – le scénario est de lui, cette fois – de ne pas répéter l’expérience initiale, mais de nous offrir plutôt un « film de monstres » conventionnel, dans un contexte postapocalyptique désormais assez rebattu (« l’homme est un loup pour l’homme », ce genre de choses…).
Après une introduction très efficace sur le Jour 1, jour de l’arrivée des extra-terrestres, qui (re)pose les bases de l’histoire familiale au centre de Sans un Bruit, et introduit en outre le personnage d’Emmett qui sera essentiel cette fois, Krasinski déroule son récit avec une vraie aisance. La prévisibilité de l’intrigue ne joue jamais contre le film, car une fois encore, il y a ici de vrais personnages, pour lesquels on tremble, et dont le destin nous importe, ce qui fait toute la différence avec le « film de monstres » de base : avec le toujours impeccable Cillian Murphy, qu’on retrouve comme à chaque fois avec plaisir, avec Emily Blunt qui reprend son personnage de mère combattante, mais aussi la belle personnalité de la jeune Millicent Summonds, qui est, rappelons-le, réellement sourde, Sans un Bruit 2 avance impeccablement, jusqu’à prendre réellement son envol lorsque Krasinski a l’idée – pourtant un peu absurde portée à ce point d’excès – de filmer quasiment toute la seconde partie de son histoire en montage parallèle rapide.
On a forcément l’impression qu’on va détester le procédé, surtout lorsque l’on réalise son systématisme, mais il faut bien reconnaître que ça fonctionne impeccablement, boostant une intrigue qui serait sans doute sinon un peu trop linéaire. Bref, si l’on ne peut s’empêcher de critiquer l’abandon par Krasinski de la plupart des inventions formelles qui faisaient du premier film une vraie surprise, pour nous offrir quelque chose de beaucoup plus « standard », il est difficile de ne pas admirer l’efficacité avec laquelle il nous emmène dans un délicieux tour de montagnes-russes.
Sans Un Bruit 2 n’a pas l’intelligence de Sans Un Bruit, mais constitue une excellente entame de ce qui pourrait devenir une franchise solide. Et d’ailleurs, le troisième volet est déjà en préparation.
Eric Debarnot