Avec Lustful Sacraments, un nouvel album sombre et tonitruant, Perturbator continue sa quête dantesque à coups de synthwave surpuissante tout en s’ouvrant à des horizons plus nuancés. Du grand art !
Régulier depuis dix années avec plusieurs albums et une armée de singles, James Kent alias Perturbator continue sa plongée en apnée dans les méandres de la musique Electro dark. Des débuts Black Metal et B.O de jeux vidéo à la musique électronique, il n’y a qu’un pas qu’a franchi aisément le musicien, entouré de ses fidèles logiciels.
Lustful Sacrament est un blockhaus dont les neuf titres sauvent leur peau grâce à de solides inspirations aux arrangements glaçants. On y croise autant de sonorités croisées dans les 80’s que dans la scène actuelle électro-darkwave – on pense à Mondkopf – mais l’ex-métalleux a suffisamment de maîtrise pour s’éloigner des références patentes.
Dès l’intro, Reaching Xanadu sonne la charge instrumentale. La puissance des sons et la programmation rythmique hybride insufflent du noir et blanc dans les couleurs sonores. Pointu et abordable, Secret Devotion emballe la mélodie dans des cascades synthétiques qui ne sont pas sans rappeler le Depeche Mode de 1984, avec au chant True Body qui passe sans broncher, d’effluves en mode rap au refrain teinté de lyrisme.
Plus énervés, Excess et Messalina Messalina pointent des arpèges imparables typées Drab Majesty et relancent la machine grâce à des breaks inattendus emprunts de zones plus atmosphériques. La synthé- pop y signe un pacte de non agression avec des sons lourds et froids. L’alchimie est parfaite. La voix de Kent épouse avec brio les formes et contours de ses compositions. Dans la même lignée Death Of The Soul convoque les spectres de l’electronic body music dont les rythmes martiaux défient un refrain tout en apesanteur. Quant à Lustful Sacraments, il ressuscite des climats à la Sister Of Mercy, avec un chant d’outre-tombe et de guitares débordant d’effets qui ne seront pas sans déplaire aux chauves-souris.
Tel un Panzer, ce nouvel album de Perturbator allie la puissance à la grâce pour mieux triompher du mal… ou du bien.
Mathieu Marmillot