Prenez la direction des étoiles avec le jazz électroacoustique d’Alpha Cassiopeiae. Le duo nous propose sur son premier EP une musique délicate et mélodieuse, douce et mélodique.
À la question “pourriez-vous vous présenter”, Nicolas (Peiron) et Maxime (Frain), les deux membres d’Alpha Cassiopeiae m’ont répondu : “Nicolas joue des synthés avec ses mains et du synthé-basse avec ses pieds. Maxime fait du bruit sur une batterie pleine de cymbales.” S’il est vrai que Nicolas Peiron joue avec mains et pieds et s’il est exact que la batterie de Maxime Frain a plein de cymbales qui raisonnent gaiement tout au long du EP, il est difficile de vraiment dire qu’il fasse du bruit. La batterie, bien présente, dessine des envolées pleines d’une grâce fougueuse qui tournent autour des arabesques légères et acidulées, mélodieuses et lyriques, que tisse les synthés.
À chaque morceau, Maxime Frain et Nicolas Peiron ont réussi à trouver des lignes mélodiques douces et belles. À chaque morceau également, la batterie vient ajouter son emphase, sa majesté. Les deux instruments se combinent. Une symbiose étonnante. Chacun leur tour, synthés et batterie prennent la parole, discutent, bataillent, s’écharpent, se réconcilient et se reprennent le chou. En l’occurrence, les morceaux ont souvent la même structure – au début, il y a une mélodie fine et délicate au piano/synthé avant que la batterie et les cymbales ne viennent mettre leur grain de sel, puis la mélodie revient calmer le jeu… Cela donne un album cohérent, che et chaud. Gai.
Peut-être est-ce à cause du titre de l’album ou des morceaux, du nom du groupe, ou alors c’est dû à la musique mais on ne peut échapper à cette évidence : le ton général de l’album est celui du voyage. Au début – Distique, le premier morceau –, se produit une sorte de « bataille » entre la batterie et les synthés. Pas qu’ils se battent vraiment, c’est un peu une blague, les instruments se tentent mutuellement. Après une courte intro légère au piano, la batterie vient s’imposer, mais le synthé revient tout en douceur, la batterie essaye de se glisser au milieu, y arrive, n’y arrive pas… quoi qu’il en soit, cela sonne le moment du départ.
Le second morceau – Take off – est celui du décollage. Tout en douceur et mélancolie aussi. La mélodie nous accompagne avec bienveillance, rendant la chose bien plus agréable. Partir n’est pas si facile, mais il faut y aller. La terre est d’ailleurs devenue inhabitable. Il est temps de prendre le vaisseau spatial – Moon ship, le troisième morceau. Là encore, douceur et mélancolie, envolée lyrique du synthé poussée par le rythme de la batterie pour ce voyage interstellaire obligé – très beau clip pour ce morceau, pour lequel Nicolas Peiron lui même a “animé” le dessin de Romane Bordet. Mais, restons optimiste, une terre terme – Terra Firma, le 5ème morceau – se dessine. Elle ressemble à la terre, comme le morceau ressemble à du Alpha Cassiopeiae. Avec, en plus cette fois plus de rythme, plus d’ampleur, plus de gaité comme si cette terre ferme était un signe d’espoir. L’exploration – titre du dernier morceau – sera douce et sereine. Ce sont les sentiments qui se dégagent de ce beau morceau où le synthé est dominant.
Alpha Cassiopeiae est un duo de jazz électronique. Ils définissent leur musique comme un mélange entre du jazz moderne avec des groupes comme GoGo Penguin, le pianiste Alfa Mist et le batteur Yussef Dayes (par exemple, Love is the message). Ils revendiquent aussi Olafur Arnalds mais aussi Billy Cobham et même Nirvana et, surtout, le trio lyonnais EYM Trio.
Alain Marciano