S’il y en a qui affirment régulièrement que « le Rock est mort », qu’ils écoutent donc Olivier Rocabois, compositeur inspiré perpétuant la grande tradition de la meilleure pop classique anglaise : lui est bien vivant, comme il l’a prouvé hier après-midi lors d’un rendez-vous secret en proche banlieue parisienne.
Il y a plein de gens qui l’ont remarqué, mais certainement pas encore assez de monde au courant : Olivier Rocabois a sorti l’un des plus beaux disques de pop « classique » – on va dire pour expliquer de quoi on parle, dans la lignée de nos chers Divine Comedy et XTC -, de cette année… mais, faute à la pandémie, il n’a pas encore eu l’occasion de le défendre sur scène.
Cette soirée (ou cette fin d’après-midi plutôt) « Secret Garden » a été organisée par l’association Life is a Minestrone : dans un jardin donc, et à une adresse, en Région Parisienne, tenue secrète (sauf bien entendu pour ceux qui avaient confirmé leur présence) ! C’est une chance à ne pas manquer de voir et d’entendre Olivier interpréter pour la première fois l’intégralité – ou presque – de son Olivier Rocabois Goes Too Far en live.
Après des semaines de grisaille, de froid et de pluie, le soleil a miraculeusement fait son apparition cet après-midi : les conditions sont idéales, dans ce beau jardin où des poules assez étranges vaquent à leurs occupations, et où une vingtaine d’invités ont pris place, un verre à la main pour la plupart, pour savourer en direct la beauté de ces chansons à l’humeur romantique et souvent joliment « excessives ».
Olivier est à la guitare acoustique et accompagné par son complice, virtuose et pince-sans-rire, Jan Stümke aux claviers : Olivier porte la même chemise hawaïenne que dans son dernier clip, celui de High is High. Quant à Jan, il est d’une classe folle avec son costar et sa pochette. Si l’on se dit que ça va être a priori un défi de reproduire à deux un album aussi riche, aussi foisonnant que …Goes Too Far à deux, dès le réjouissant High is High, qui vient en second après une intro un peu prudente avec une chanson plus ancienne, on sait que non, pas du tout : la combinaison guitare – piano et la voix vite magnifique d’Olivier (après un démarrage timide où l’on a senti que le « performer » avait perdu l’habitude de chanter face à un public), font naître dans nos têtes des sensations grandioses, symphoniques parfois même.
En se concentrant – ce qui n’est pas facile en plein jour, il faut bien l’admettre –, on retrouve intacte l’émotion que l’on a ressentie en découvrant Sound of Waves, le premier morceau de l’album : ce sentiment de splendeur qui fait que l’on classe désormais Olivier très haut dans la liste de nos compositeurs actuels préférés. Bon, il faut reconnaître qu’il y a indiscutablement quelque chose de Divine Comedy dans la musique d’Olivier, mais on parle de convergence plutôt que d’inspiration… Hometown Boys est le premier sommet du set, avec un final qui soulève littéralement l’âme, une chanson que l’on attend avec impatience de voir jouée sur scène avec tous les musiciens de l’album !
« Je suis super intimidé, en fait… » nous avoue Olivier. D’ailleurs Alors, sur Arise Sir Richard, sa chanson clin d’œil à Ringo Starr dont le texte est plus que conséquent, paf ! Le trou de mémoire ! Pas grave, on reprend au début, personne ne s’en plaindra – et puis le piano est sublime sur cette chanson… Et la meilleure manière de se décontracter, c’est bien sûr de plaisanter : les vannes fusent entre Olivier, Jan, nos hôtes et le public.
Arrive « Une valse en si mineur, The Whip of Chimene ! ». Il s’agit en fait de Ship of Women, un morceau qui survit même à l’amputation de ses cordes pourtant si bouleversantes, grâce à sa mélodie aux airs de chanson de marins bretons et grâce à son texte étonnant (« You are a postman / Thinking he’s a rockstar / You’re a plumber / Self-convinced he’ll become a pornstar / Cause we’re underused / Life is very short / We need something more »). Bref, second gros coup de cœur du set…
Si Let Me Laugh Like a Drunk Witch nous est vendue comme « une chanson aussi énergisante que du Weetabix » (hein ?), on se régalera encore bien plus sur la reprise du The Mole from the Ministry, présentée par Olivier comme « une chanson sur l’espionnage et les drogues de synthèse », des Dukes of the Stratosphear (alias XTC, pour ceux qui l’ignoreraient) : dépouillé de ses bizarreries psychédélico-délirantes, c’est un joyau pop dont Olivier sublime la mélodie pour nous.
Après un Coming of Spring en « hommage à Jim Morrison », il est temps de boucler le set (cela fait plus d’une heure qu’on savoure cette musique étonnante…) avec I’d Like to Make My Exit with Panache… Et My Wounds Started Healing, seul absent de l’album sur la setlist, alors ? Olivier expliquera qu’il faut vraiment plus de musiciens pour le jouer, on attendra donc le passage sur scène avec un groupe, prévu pour septembre.
On se quitte avec un vrai / faux rappel, Over the Moon, une « chanson maudite enregistrée 3 fois en 4 ans… » et visiblement aimée par les fidèles qui sont là… puis en se donnant rendez-vous pour très, très bientôt.
Bravo et merci à Life is a Minestrone pour cette initiative, qui fait vivre la musique en cette période de transition, où l’on ne sait pas encore « sur quel pied danser ». En tout cas, dans ce jardin secret du mois de juillet, on a eu le temps d’un concert la tête dans les étoiles.
Texte et photos : Eric Debarnot
La setlist du concert d’Olivier Rocabois :
Ever Your Friend (All If – Absolute Poetry – 2017)
High as High (Olivier Rocabois Goes Too Far – 2021)
The Sound of the Waves (Olivier Rocabois Goes Too Far – 2021)
Zombie Apocalypse Mango Survival Kit
Hometown Boys (Olivier Rocabois Goes Too Far – 2021)
Arise Sir Richard (Olivier Rocabois Goes Too Far – 2021)
Green Green Gardens (All If – Absolute Poetry – 2017)
Ship of Women (Single – 2019)
Let Me Laugh Like a Drunk Witch (Olivier Rocabois Goes Too Far – 2021)
Tonight I Need (Olivier Rocabois Goes Too Far – 2021)
The Mole from the Ministry (The Dukes of the Stratosphear cover)
In My Drunken Dreamscape (Olivier Rocabois Goes Too Far – 2021)
The Coming of Spring
I’d Like to Make My Exit with Panache (Olivier Rocabois Goes Too Far – 2021)
Encore
Over the Moon
Olivier Rocabois et Jan Stümke, entourés d’autres musiciens, seront à l’International le 7 septembre prochain
Olivier Rocabois Goes Too Far : le talent de savoir aller trop loin