Au fil de ses ouvrages de poche, Adrien Durand se livre toujours un peu plus. Dans Je suis un loser baby en finir (ou pas) avec les années 90, il pose un regard désabusé sur une époque où tous les (sombres ?) espoirs étaient permis.
Dans son précédent livre Je n’aime que la musique triste, Adrien Durand livrait ses sentiments en lien avec la musique. L’auteur se posait des questions d’ordre existentiel sans pour autant y trouver des réponses.
Dans Je suis un loser baby, Adrien Durand se focalise sur une période de sa vie, la fin de son adolescence, qu’il a pleinement consacrée au rock. Quelques années à tourner avec son groupe Jordan en ont fait un homme de terrain. Le bordelais multipliera les casquettes – attaché de presse, tourneur et programmateur – pour poursuivre aux Inrockuptibles, Le Drone et enfin Le Gospel qui passe de fanzine à maison d’édition.
Son nouveau recueil de 17 textes est plus personnel et le sous-titre « En finir ou pas avec les années 90 », résume parfaitement son contenu. Et on y croise du monde, mort ou vif… Kurt Cobain, Carl Stephenson, supplétif de Beck qui, par dépit, sacrifia ses instruments, Dash Snow et Davide Sorrenti artistes bien nés qui se vaccinaient à la poudre blanche, les nu-métalleux de Korn et leur amours des marques de sports, Fugazi faire-valoir de manager cocaïné, etc…
Bien sur ces histoires se greffent sur les souvenirs de l’auteur. Même si l’humour pointe son nez, on reste surpris par le sombre destin d’une jeunesse post-grunge pour qui les dés étaient pipés. Nombreux sont ceux voulaient vivre l’aventure rock comme leurs héros mais le miroir allait se fêler.
Adrien Durand raconte les soubresauts d’une époque ou l’artiste-loser jouissait d’un magnétisme sur une jeunesse qui allait vite déchanter. Le milieu de la musique en prend pour son grade tout en conservant un soupçon d’humanisme. Une génération désabusée pour une époque qui ne l’était pas moins. Place désormais aux winners.
Mathieu Marmillot