Trop, c’est parfois trop : voilà un concept qui clairement n’effleure pas l’esprit d’Álex Pina et de son équipe : la suite de Sky Rojo, c’est la même chose en plus… violent, excessif, hystérique… et improbable. Du coup, il est difficile de ne pas en sortir épuisé, et beaucoup moins tolérant vis-à-vis de ces excès.
Le suspense créé par le cliffhanger à la fin du huitième épisode de la première série d’épisode de Sky Rojo (… plutôt que « saison », en fait…) n’aura pas duré trop longtemps, puisque quatre mois plus tard seulement, Álex Pina et son équipe nous offrent déjà la suite des aventures trépidantes de nos trois prostituées, qui sont désormais en guerre ouverte contre la bande de proxénètes sans scrupules (mais quand même amoureux, souvenons-nous) qui les ont réduites littéralement en esclavage durant des années.
Comme « on ne change pas une formule qui marche », surtout dans le domaine de plus en plus stéréotypé de la série TV, il était illusoire d’attendre quoi que ce soit de nouveau de cette nouvelle « giclée » (pardon…) de poursuites, de bastons, de sévices en tous genre. Nous voici donc devant un copié-collé systématique des mécanismes comme des rebondissements que nous avons déjà vus, avec une logique de « toujours plus » dans la violence, le sexe, la provocation, la cruauté. Et avec pas mal d’humour en moins, à moins que ça ne soit nous qui soyons désormais fatigués de ce cirque continuel, tout simplement.
On sait que tout est excessif, voire outrancier dans Sky Rojo, ce qui nous vaut d’ailleurs régulièrement des scènes bluffantes quand l’esthétique colorée et extrêmement soignée de l’image se conjugue avec une mise en scène survitaminée (la plupart des épisodes sont dirigés, comme lors de la première saison, par David Victori). A condition bien entendu d’être prêt à oublier la quasi-invincibilité physique des personnages, qui se remettent à une vitesse folle d’une balle dans le sein ou dans le ventre, d’une overdose, voire d’un œil arraché !
Si la peinture du proxénétisme et la critique du comportement du mâle espagnol restent évidemment l’occasion de quelques scènes difficiles mais indiscutablement pertinentes, quand on considère le fléau de la prostitution forcée en Espagne, on est également saturé d’images complaisantes de l’anatomie féminine qui finissent par ressembler à de la pure hypocrisie. D’un côté, les incessants retournements de situation nous épuisent, tant ils donnent l’impression d’un interminable tour de montagnes russes. D’un autre, les déchirements amoureux et / ou psychologiques de personnages profondément tarés, qui ont pu nous accrocher sous le prétexte de toute cette belle hystérie qui fait partie de « l’âme espagnole », nous rendent de moins en moins sympathiques ces bourreaux-victimes échangeant leurs rôles avec un systématisme éreintant.
Et lorsque finalement, après deux derniers épisodes trépidants, se dessine la perspective d’un véritable départ loin de cette île que nous avons parcourue dans tous les sens et à toute vitesse au cours des 16 épisodes de la série, les derniers mots martiaux de Moisés (« Nous avons perdu une bataille, mais pas la guerre… ») laissent présager d’une suite dont nous nous passerons bien.
Eric Debarnot
Sky Rojo – Saison 2
Série TV espagnole d’Álex Pina et Esther Martínez Lobato
Avec : Verónica Sánchez, Yany Prado, Lali Espósito, Miguel Ángel Silvestre…
Genre : Thriller, drame
8 épisodes de 30 minutes mis en ligne (Netflix) le 23 juillet 2021
[Netflix] Sky Rojo : un road movie immobile et clinquant, mais excitant