Byron Gogol est-il plus amoureux de sa femme ou de la technologie ? Cette question servira de fil rouge tout au long de la saison 1 de Made for Love, une série bien sympathique entre comédie noire et satire d’une époque fascinée par le pouvoir technologique.
Byron Gogol (Billy Magnussen) est un milliardaire de la Silicon Valley, sorte de mix improbable entre Jeff Bezos, Steve Jobs et autre Bill Gates, un trentenaire fasciné, pour ne pas dire obsédé, par le progrès technologique et qui veut toujours repousser plus loin ses limites en créant et vivant dans des univers virtuels coupés du monde extérieur. Marié à Azel Green, il décide de se servir de son épouse comme cobaye en lui implantant dans le cerveau une puce qui permettra au mari de la suivre en temps réel, de voir ce qu’elle voit, bref d’être avec elle en tout temps.
Se rendant compte de l’emprise de son mari sur elle et de son désir de tout contrôler, elle s’enfuit de leur maison pour rejoindre sa ville natale et retrouver son père ainsi qu’une vieille amie qu’elle n’a pas revu depuis longtemps. Mais c’est sans compter sur la perspicacité de son mari qui va tout mettre en œuvre pour retrouver son épouse, la reconquérir et aussi reprendre le contrôle sur elle.
Adaptée du livre Made for Love de la romancière Alissa Nutting, paru en 2017, cette série HBO mélange comédie noire, science-fiction et drame. On pourra y trouver par moment des correspondances avec la série Black Mirror, car Made for Love se présente d’abord comme une réflexion sur le pouvoir de la technologie sur l’homme, et de l’usage extrême qu’il peut en être fait.
À la fois réaliste est totalement imaginaire, cette série nous fait voyager sans cesse sur deux niveaux de temporalité, entre le passé et le présent de Azel. Le rythme est assez trépident, les situations parfois cocasses, avec un scénario qui se montre suffisamment inventif et original pour que l’on ne s’ennuie pas un seul instant devant ce futur (plus ou moins imaginaire) où la technologie pourra exaucer tous vos fantasmes ou presque… comme c’était le cas dans Upload, mais sur un ton nettement plus rom-com.
En tête d’affiche du casting, Cristin Milioti, repérée dans le charmant Palm Springs, est parfaite dans le rôle de l’épouse victime d’un mari narcissique, mégalomane, manipulateur et au final assez terrifiant derrière son physique parfait et son sourire enjôleur.
Une série facile, tantôt drôle, tantôt touchante, qui se regardera sans ennui, à laquelle il manque peut-être un peu d’ambition et sans doute aussi un peu de budget. Un produit de divertissement suffisamment bien fichu pour que l’on ait envie de suivre la deuxième saison.
Benoit RICHARD