Hideaway, est le 8e album pour Nathan Williams et projet Wavves. Bien meilleur que les dernières productions du groupe, Hideaway n’en est pour autant pas totalement convaincant sur la durée. Et l’album ne fait que 29 minutes !
Nathan Williams et Wavves reviennent. 4 ans après le pour le moins approximatif et peu satisfaisant You’re Welcome sorti en 2017 sur Ghost Ramp, le propre label de Nathan Williams. 4 après une rupture en fanfare d’avec Warner – « I’d never come in contact with such a poorly run company in my life. It was anarchy. Nobody knew what they were doing. Turnover rate was like an American Apparel. It was really all cons — unless you’re a cash cow. For everyone else, major labels can’t help you. Maybe at one time they could, but that time is dead », comme l’avait rapporté par exemple Pitchfork.
Nathan Williams revient avec Stephen Pope (basse), Alex Gates (guitare) et Dave “TV On the Radio” Sitek à la composition avec Williams et à la production. Et c’est un retour aux source. D’abord parce que l’album chez Fat Possum, qui avait sorti ce que sont les meilleurs albums du groupe à ce jour, Wavves 2009) et King of the Beach (2010) ! Retour aux sources côté musique aussi, avec un album indie pop-punk-rock lo-fi qui rappelle certains des meilleurs morceaux du groupe. En partie en tout cas.
Le début de l’album est assez intéressant et rafraîchissant. Les deux premiers morceaux, pour être précis. Rien de bien transcendant, mais de bonnes chansons malgré tout bien rythmées avec des guitares en riffs plutôt acérés et des mélodies incisives bien troussées et entraînantes. Une impression de joyeux foutoir ! Qui n’a rien de joyeux, en fait. Nathan Williams crache, plus qu’il ne chante, un venin amer et plein de ressentiment. Sur Thru Hell – can’t talk now i’m going thru hell/can’t see straight I don’t feel so well/staring at these hideous people/point the finger but inherently evil. Sur Hideaway, un des meilleurs morceaux de l’album malgré tout – I’ll do my best to hideaway/From all of the bullshit chasing me/I don’t care if times erasing me/It’s been torture existing this long. Deux morceaux à la musique et aux mots torturés, qui fonctionnent plutôt bien. On est rassurés. Aurait-on retrouvé le Nathan Williams des débuts ?
Pas vraiment. Après cette entrée en fanfare, les choses changent. Même si les mélodies restent plutôt pas mal, le rythme et l’intensité baisse. Comme le chante Nathan Williams sur Marine Life, “My heart gets lifted every time that I’m with you… I’m alright you can leave/Or you can bleed me here another night”. Faut choisir et il n’a pas l’air de savoir. Comme si Nathan Williams hésitait à bien faire ce qu’il fait bien, comme s’il voulait montrer qu’il pouvait faire plus, il se lance dans autre chose. Ou il se laisse porter par le courant – c’est un peu le sens de Help is on the Way – ”I gotta get away/From the things that bring me pain” et “It’s like a river wants to drown drown me/And then the dam breaks/I’m out the flood gates/I’m gonna let the water carry me away now”. Sinking feeling relève le niveau. Le morceau est très bon. Le ton, comme on le devine au titre, reste noir, mais la musique est moins acérée, les guitares moins vives et la voix moins ricanante. Planting Garden est plus agressif avec ces riffs de guitares, et on peut l’aimer pour ça. Marine Life est vitaminé aussi, mais très pop, frais et propre et gai comme tout. Mais c’est un peu tard. Entre temps, on a eu droit à The Blame – un morceau de… country bien fait, très agréable, entraînant comme il faut mais dont on se demande quand même ce qu’il fait là – et à Honeycomb – une balade un peu mollassonne. Et les balades, ce n’est pas ce que Wavves fait de mieux. Comme le prouve aussi Caviar, le dernier morceau de l’album, ses “Shalalalalalalala/Shalalalalalalala” et ses clochettes en refrain… Diantre. Quant on pense que l’album commence avec un morceau intitulé Thru Hell…
Alain Marciano