Avec cette grisaille synthétique qui parsème la plupart des morceaux, Anika montre avec Change une évolution sensible dans une musique qui se veut moins minimaliste, comparé au précédent album de 2010.
Un temps journaliste politique, organisatrice de concerts, DJ et chanteuse au sein de la formation mexicaine Exploded View, et qui a notamment collaboré avec BEAK> et Tricky, Annika Henderson aka Anika, aujourd’hui installée à Berlin, est une artiste qui aura mis plus de dix ans avant d’offrir un successeur à son premier album, sorti en 2010.
Change est un opus qui se veut optimiste dans l’obscurité de notre époque, avec ses textes plus qu’engagés, où la déception laisse place à la lumière.
Construit autour de sonorités électroniques flirtant avec les années 80, de basses enrobantes et de rythmiques syncopées, Change fait preuve de minimalisme tout en étant tapissé de détails et d’éléments subtils, offrant suffisamment de diversité à des titres qui, dans leur linéarité, cachent des mélodies prenantes à la mélancolie aérienne.
La voix reconnaissable entre toutes d’Anika, joue avec le spoken word et le fredonné, étant toujours à la frontière de la poésie et de la chanson, créant des zones froides aux arrangements capables de s’habiller d’expérimentations hypnotiques, où les machines se voilent de mystère et de groove, de textures industrielles et de rondeur dub, de tensions combatives et de positivité amazone. Captivant.
Roland Torres