Netflix fait durer le plaisir – et l’impact sur ses abonnés – en divisant la dernière partie de la Casa de Papel en deux volumes, mais ces cinq nouveaux épisodes, se concentrant sur des scènes de guerre interminables, risquent bien de décevoir même les aficionados de la série.
Alors évidemment, la scission de la cinquième et dernière partie de la Casa de Papel en deux volumes, 5 épisodes disponibles dès maintenant et 5 autres début décembre, ressemble diablement à un désir de la part de Netflix de faire fructifier le plus longtemps possible sa série la plus populaire. Et, encore plus évidemment, il est inutile pour ceux qui détestent ou méprisent la série de lire la suite de cette chronique – sans spoilers – puisque rien n’a changé dans son principe depuis que sa première partie en en a défini les codes : beaucoup d’action spectaculaire, du suspense en permanence sans que les scénaristes se préoccupent particulièrement de la crédibilité des actions ni des comportements des protagonistes, de larges plages d’émotion où l’on se hait, on s’aime, on se fâche, on se pardonne, etc., des flashbacks réguliers qui nous permettent de comprendre le trajet des protagonistes qui les amènera au piège de ce second hold-up beaucoup moins contrôlé que le premier. Pour peu que l’on soit prêt à ce genre d’exercice pas très subtil, on rira, on versera sa larme, on tremblera,… mais plus vraisemblablement on s’irritera régulièrement devant ce qui paraît une fois sur deux une manière de ralentir le rythme, voire de tirer à la ligne pour faire durer « le plaisir ».
Pourtant, même si l’on fait partie des gens (nombreux eux aussi) que la facilité des choix scénaristiques et la grossièreté des ficelles de la Casa de Papel ne rebutent pas trop – parce qu’ils trouvent leur compte dans la vitalité des protagonistes, l’énergie infatigable qu’ils déploient, l’hystérie réjouissante qui arrive toujours à s’insérer dans les moindres rapports humains -, il faut reconnaître que ces cinq épisodes sont les moins bons depuis le début de la série en 2017.
La cause de notre déception est simple : il n’est plus question cette fois de stratagèmes diaboliques de la part du Professeur, lui-même se trouvant dans une situation critique. Cette fois, « c’est la guerre » ! Pris entre deux feux, nos « amis » cambrioleurs en sont réduits au coup de feu permanent – à l’arme lourde, à la grenade – pour pouvoir seulement espérer survivre : cinq épisodes de bruit et de fureur où des milliers de balles seront échangées – sans grands résultats d’ailleurs – au sein de la Banque d’Espagne, ce n’est pas du tout ce qu’on attend de la Casa de Papel ! Cette fois, et c’est bien le comble, on espère avec impatience les plages de repos que nous offriront les flashbacks !
https://youtu.be/8yUkiAsa5rM
Et il se pourrait bien que le meilleur de ce « volume 1 » de la cinquième partie de la Casa Papel soit le récit d’un brillant cambriolage mené par le charismatique Berlin (Pedro Alonso est toujours le meilleur acteur de la bande, remercions les flashbacks !), quelque part entre Arsène Lupin – le vrai- et Mission Impossible.
Bref, il temps que cette histoire prenne fin, et pour sortir de tout ça « par le haut », on espère qu’Álex Pina et son équipe auront rectifié le tir et auront retrouvé un peu de la fantaisie et du sens de la surprise qu’on aimait. Rendez-vous le 3 décembre pour le verdict final.
Eric Debarnot