Avec Aeroplane Days, Sam Forrest propose, entre le bruit et la fureur, entre la dissonance et le tatapoum, de la pop harmonieuse et subtile et nous rappelle que l’Angleterre est aussi le pays des Beatles et des Kinks.
Aeroplane Days. Le 9e album solo pour le compositeur anglais Sam Forrest – plus quelques autres avec divers groupes dont Nine Black Alps – qui a produit quelques albums d’une pop-rock assez rock et très électrique. Mais dans ses albums solos – peut-être à l’exception de l’excellent Crooked Candle dans lequel les guitares étaient plutôt électriques qu’acoustiques et le rythme rapide – Sam Forrest nous offre une musique qui nous plonge plutôt dans des ambiances douces et tranquilles, lentes et méditatives – “Close your eyes, take your time” comme il le chante sur le dernier morceau de l’album, “Walking on Water”, paradoxalement un des plus enlevés, des moins acoustiques de l’album.
Sam Forrest nous a habitué à ces morceaux qu’il chante de cette voix douce, un peu retenue, entre grave et aigüe, une voix qu’il met au service de mélodies elles-mêmes soyeuses et vaporeuses. Il nous a habitué à ces arpèges de guitare, ces accords acoustiques. À ces chansons souvent dépourvues d’arrangements surchargés. Des chansons, qui vont chercher aux racines de la pop – qui ont des accents plutôt 60’s – et qui se souviennent que cette musique a changé radicalement avec un groupe qui s’appelait les Beatles, si on devait tenter une comparaison audacieuse. Des chansons lentes ou rapides mais assez classiques, donc. Mais aussi sobres. Sam Forrest nous a habitué à des chansons qui cherchent à provoquer des émotions, à suggérer plutôt qu’à asséner – après tout, n’est-ce pas le registre de cette pop-folk ?!
C’est donc cette étoffe qu’est fait Aeroplane Days. On y trouve des morceaux plutôt lents. “A Place to Hide” qui ouvre l’album, “Could Have Been a Dancer” – ambiance vaporeuse à souhait – ou “Dog on Leash”. Ce type de morceaux dominaient d’ailleurs largement les albums composés par Sam Forrest ces dernières années – Lost in Flight (2017 ) ou After Tomorrow (2020) –, ce qui avaient tendance à ralentir les albums, ce genre de balade pop-folk acoustique est ici minoritaire. On reste dans le même registre de la pop classique, pleine d’émotions mais qui se décline dans des morceaux plus ambitieux, plus riches, plus rapides. Sam Forrest nous rappelle qu’il est capable de faire des morceaux un peu plus rapides, un peu plus électriques, un peu plus rythmés. Justement l’enjoué “Better than Nothing” – “trying to be good to be better than nothing”. Et aussi aux arrangements plus sophistiqués. “Hanging Gardens”, une balade lente et un peu mièvre, se révèlent très plaisant à l’écoute, intéressant par ses chœurs et et ses arrangements psychédéliques. Et puis il y a les pépites, les excellents morceaux que sont “The Best is yet to Come” – éclairé par des passages d’orgue –, “Water Tower” – un clin d’oeil à “Sunny Afternoon” ? – ou “Walking on Water”.
Alain Marciano