Le groupe d’Amyl Tyler, qui nous avait déjà impressionné avec un premier album éponyme en 2019, revient à la charge avec un second LP explosif qui pourrait sans doute être la meilleure parution punk de l’année, le tout Made in Australia.
Ce qui est formidable – et logique, quelque part – avec un pays dont 90% de la faune et de flore pourrait vous tuer, c’est que la musique australienne ne ressemble à aucune autre, et que, dans le vaste domaine particulièrement vigoureux en 2021, du punk rock, l’excellence y règne (Il serait indécent de citer des exemples, vous savez très bien de qui on veut parler…). Si depuis 2015, jouer du punk rock serait presque devenu une mode, au risque de la banalité, voire de la fadeur, certains groupes ont su tirer leur épingle du jeu. Amyl and The Sniffers en fait partie.
Pourquoi ? Car ces quatre jeunes – enfin, plus tant que ça ! le temps passe… – énervés de Melbourne ont su conserver les ingrédients intrinsèques et l’essence de la musique punk : des riffs de guitare colériques, des lignes de basse minimalistes, une voix abrupte au débit hargneux, des caisses claires qui cognent et des chansons qui excèdent rarement les trois – voire, encore mieux, les deux – minutes. Soit la recette idéale pour pogoter en Doc Martens dans un sous-sol obscur au plancher inondé de bière tiède.
Confort To Me commence très fort, in media res, avec Guided By Angels qui donne le LA de l’album. Ça joue fort, ça crie et ça va très vite… et ça sera comme ça jusqu’au bout des treize titres, pour une durée de 35 minutes ; sans une seconde de répit. Certains regretteront sans doute un meilleur mastering du chant, mais le rendu final a le mérite d’être brut : on adore ou on déteste. Si un point nous avait déjà frappé avec le premier album, c’était le travail brillant du guitariste – bien nommé – Dec Martens, aussi bien pour sa manière décontractée et inattendue d’insérer des solos, que pour l’écriture de gimmicks comme sur l’incontournable et indispensable Hertz. De plus, certains textes, aussi bien féministes (Freaks to the Front, Choices) qu’à connotations sociales (Don’t Fence me In, Snakes), affirment avec légitimité leur caractère engagé… à un tel point que les injures porteraient même ici une certaine élégance comme dans Don’t Need a Cunt (Like You to Love Me) !
Oui, s’il ne fait heureusement pas partie des 90% des animaux et des végétaux australiens qui vous tueront, Comfort To Me est un véritable bijou de la musique punk contemporaine. On attend maintenant le troisième album de pied ferme, mais, surtout, avant, que le groupe puisse venir mettre le feu à nos salles de concerts françaises !
Nayl Badreddine