Forcément, avec un nom pareil, les Messins de Oï Boys ne font pas dans le CBD. Leur premier album résonne comme le fracas d’une Doc Martens contre la vitrine d’une boutique.
Le duo Oï Boys vient de Metz et chacun de ses membres a déjà une riche vie musicale derrière lui. Assez riche pour afficher un clavier cold-wave, une guitare killing-jokienne, une boîte à rythmes bunkerisée et enfin une voix qui vous crache mille ressentis à la gueule, ce terme revenant régulièrement dans le texte.
Voila comment le groupe a réussi l’exploit d’associer le synthé-punk minimaliste, que l’on pourrait nommer minimal-oï, à des vocaux keupons. Et ça fonctionne bien, comme pour Hinin, autre duo cataclysmique qui s’inscrit dans la même veine. Les textes sont noirs et transpirent la virilité associée à une réflexion sans détour sur la vie, les relations, les potes, tels des manifestes qui préfèrent les uppercuts aux bavardages de salon. Il suffit de changer l’instrumentation pour constater que le chant en français colle parfaitement au street-punk façon Reich Orgasm, Trotskids et consort.
La fougue du duo se retrouve dans les titres les plus pêchus comme La Liste, Dernière Tournée ou 200km/H, qui foncent à tombeau ouvert sur les trottoirs mal éclairés de Metz. Dans ce fracas, le clavier distille une mélancolie non feinte qui plombe l’ambiance comme la Tour de l’Enfer un jour de pluie. Plus lourds et malsains Tes Mortes Idoles ou Les Réverbères entrainent le rythme vers des profondeurs gothique, vite rattrapés par l’odeur des squats. Capables d’un format plus mélodique sur Mon Dernier Dieu, Sur La Place, Le Film Est Mauvais ou Déjà Reine, les messins ne sont pas insensibles aux émotions ce qui n’enlèvent rien à l’urgence et la violence de leurs propos souvent désenchantés.
En onze titres, Oï Boys revendique, Oï Boys sème la panique, Oï Boys oblige un reset musical et mental.
Mathieu Marmillot