Si le thème du Covid était attendu, le résultat est franchement comique. Hervé Bourhis écrit aussi bien qu’il dessine et rend un hommage, acide à souhait, à notre cinéma populaire.
Thomas et Karine, un couple de scénaristes en perdition, ne ménagent pas leur peine pour relancer leur carrière. Ils s’efforcent de monter une comédie populaire sur la pandémie de Covid-19. Or, ils n’ont que trois semaines pour réunir un casting, boucler le financement et imposer leur planning.
Auteur prolifique, Hervé Bourhis signe le scénario et le dessin. Un positionnement courageux, alors que la profession tend à distinguer les fonctions de scénaristes, dessinateurs et coloristes. Le premier tiers est une extraordinaire galerie de portraits au vitriol, avec notamment un vieux magnat, un réalisateur sur le déclin, un jeune youtubeur à (très gros) succès, une actrice légendaire capricieuse et alcoolique, un vieux beau et une jeune star dépressive. Tous vivent depuis des lustres en vase clos, se jalousent ou se haïssent, après s’être trop aimés. Nos « auteurs à succès », qui restent sur une série d’échecs, portent l’hypocrisie et l’aplomb à des sommets inégalés. L’ensemble de la profession en prend pour son grade. Alors que le jeu de massacre tend à s’essouffler, le dernier tiers propose une série de rebondissements aussi inattendus que réjouissants.
Le trait est original, nerveux et très expressif. À l’image de la couverture, ses personnages sont joliment croqués. Les visages caricaturés, les décors esquissés et les aplats de couleurs chaudes rappellent le travail de Greg ou de Gotlib.
Si Hervé Bourhis déclare s’être inspiré de ses efforts pour vendre l’adaptation au cinéma de sa série Le Teckel, l’occasion était belle pour nous faire partager son amour du cinéma.
Stéphane de Boysson