En nous immergeant dans le fantastique chinois, le premier volume de la grande fresque épique de Wu Qinqsong nous offre une très agréable sensation de dépaysement.
Vous aimiez la BD franco-belge, les mangas chinois et les comics anglo-saxons ? Place aux manhuas et à leurs auteurs, les manhuajias. Il était fatal que la première économie de la planète – le pays du papier, de la calligraphie et de l’encre de Chine – produise des bandes dessinées, probablement des masses d’illustrés. Glénat nous propose le premier tome d’une fresque épique et fantastique.
Dans un passé lointain, de mystérieuses brumes écarlates ont manqué de détruire l’humanité, qui a trouvé refuge au sommet des montages. Trois siècles plus tard, trois royaumes se disputent l’hégémonie de l’Empire. Qingpiu parvient à négocier une alliance avec Tieliu. Si le prince épouse la princesse, Danzhu sera condamné. Or, rien ne se passe comme prévu. Les troupes de Danzhu, les brumes sanguinaires et des rebelles attaquent…
Signant le dessin et le scénario, Wu Qinqsong reprend les codes des wu xia pian. Les films de sabre chinois opposent des royaumes ennemis, de sombres généraux et de belles princesses, des machiavéliques ministres et de ténébreux rebelles, sans oublier d’impénétrables agents doubles ou triples… Souvent, les scénaristes du Fils du ciel abusent des complots et des pièges. Si les surprises s’enchainent, le héros se révèle, au final, le seul parfaitement loyal à l’Empereur.
De fait, j’avoue ne pas bien avoir compris qui était qui, qui défiait qui, et à quoi sert la Pierre aux cinq couleurs ? Mais, j’imagine que les clefs seront livrées au cours des quatre prochains volumes. J’ai néanmoins relu l’ensemble, pour le plaisir. Le dessin est réaliste, sauf pour l’ancêtre et les colères de l’enfant. Le travail sur le bestiaire ou sur les armures est particulièrement réussi. La colorisation vive est extraordinairement fine. Les pages sont magnifiques, alternant de rares vues d’une nature enchanteresse à de violents combats aux très longs sabres dans de très photogéniques brumes écarlates. À suivre…
Stéphane de Boysson