Olga Kouklaki utilise la musique pour créer des atmosphères sombres et envoutantes, pour dessiner des paysages désolés et riches à la fois. Pour se souvenir que chill veut aussi dire glacial en anglais.
C’est en 2001 qu’Olga Kouklaki arrive à Paris de sa Grèce natale, plus précisément Athènes. Et depuis ce moment, cette amoureuse de la musique s’est activée, présente sur plusieurs fronts musicaux—DJ-ing, compositions en solo (deux albums, Getalife, en 2007, et I U Need en 2012 plus une collection de singles, Private Sessions Vol. 1, 2018), collaborations (avec Reminiscent Drive, Kid Loco, Jori Hulkkonen, Nomi Ruiz (aka Jessica6) ou Poni Hoax), remix ou participations à des projets collectifs (Bang Bang, Nouvelle Vague). Plus la reconnaissance comme les remix des pistes de I U Need. Il y a aussi des pistes de Getalife utilisées pour Une Nuit (Philippe Lefebvre avec Sara Forestier, Rochdy Zem, Samuel Le Bihan) ou Mafiosa… et plus encore.
Sa bio donne d’autres noms et détails qui montrent l’intérêt la musique d’Olga Kouklaki déclenche quand elle tombe dans des oreilles averties. Alors, laissons nos oreilles—moins averties—se laisser aussi bercer par les morceaux de Dusty Diamond, le dernier de ses albums. Parce qu’il s’agit d’un album envoûtant, qui dessine de superbes paysages d’une beauté sombre et froide. Oui, laissons-nous aller même si cette électro n’est pas forcément gaie ou joyeuse.
Certes, La nuit la plus tendre qui figure sur la compilation Private Sessions Vol. 1 et qui est apparaît ici remixé par Kid Loco a une tranquillité froide mais aussi aérienne et méditative, presque chaleureuse, qui n’est pas sans rappeler d’autres morceaux de Private Sessions, mais aussi (pourquoi pas) Pan American de Mark Nelson (1997).
Mais l’album est plutôt fait de morceaux aux rythmes froids, aux sons métalliques, qui résonnent comme des échos sinistres dans des grands bâtiments vides, des synthés qui figurent des sirènes, comme sur Dusty Diamond, le premier morceau de l’album par exemple. Des entrepôts poussiéreux où restent quelques machines qui rouillent dans l’indifférence. Des pièces vides, celles de Mansion, où une boucle de quelques notes qui revient tout au long du morceau au milieu de blips et de froissements de batterie synthétique et de notes de pianos égrainées comme pour nous indiquer le chemin à suivre. Dans la brume épaisse et sombre de Haze, un morceau lent, downtempo, composé après la perte d’un proche.
Brume toujours, celle créée par la libération de “Dopamine” et on se demande alors si c’est bien de la même hormone (du bonheur ?) dont il s’agit. Olga Kouklaki qui déambule au milieu de tout cela, qui nous emmène avec elle par sa musique et par sa voix, une voix marmonne ses incantations… Comme Yasmine Hamdam, d’ailleurs, qui chante sur Referendum d’une superbe voix plaintive, presque du bout des lèvres, souvent au bord de la rupture, qui remporte probablement la palme de la beauté froide sur cet album.4Oui, « La nuit la plus tendre » a été reprise par Kid Loco sur ses Chill out Sessions compilation. La musique d’Olga Kouklaki nous rappelle que to chill veut aussi dire glacial en anglais
Alain Marciano