Si Balthazar était attendu de pied ferme sur les scènes françaises pour défendre Sands, leur dernier album relativement bien accueilli, le quintet flamand s’est adonné hier soir à une compilation éclectique de leurs meilleurs titres, faisant la joie des fans de la première heure mais aussi des curieux de passage.
19h30 : Planning dominical oblige, c’est bien tôt que les lumières de la salle parisienne s’éteignent pour laisser place à Whispering Sons, cinq compatriotes des headliners. Si ceux aux affûts ont déjà pu croiser ce brillant groupe de post-punk lors de leur tournée française qui a déjà débuté, cela aura été une belle découverte pour les oreilles curieuses présentes ce soir, et particulièrement pour les nombreux porteurs de T-Shirts The Cure ou Joy Division qui y auront trouvé certaines connivences.
Si la recette des compositions est principalement constituée de bass lines solides, de synthés envoutants et de guitare éclatantes, il faut reconnaître que c’est la présence scénique frappante de Fenne Kuppens, chanteuse possédée au look androgyne et à la prestance impressionnante, qui – sans minimiser le talent des quatre autres musiciens – fait tout l’impact du groupe.
C’est avec une appréciable ponctualité qu’à 20h30 précises les roadies de Balthazar désertent la scène, désormais équipée de luminaires décoratifs, et que les lumières s’éteignent. Résonnent alors les bien connus chœurs de l’illustre Hourglass « I do not wanna wait Ah-Ah […] », d’emblée repris par la foule enthousiaste. C’est donc naturellement sur ce titre que commence le concert. La setlist se poursuit sur Grapefruit, titre assez apprécié du précédent album Fever et toujours aussi bien accueilli sur scène… sans doute grâce à Tijs Delbeke qui troque sa guitare contre un trombone. A peine le titre terminé, Jinte Deprez fait vrombir sa Fender Jaguar sur le riff de Do Not Claim Them Anymore, joué avec une énergie dévastatrice que l’on n’aurait jamais pu imaginer à un concert de Balthazar, au point de faire trembler les murs et le sol de la fosse, sous les sauts d’une foule au bord de l’hystérie.
S’ensuivent les classiques et indémodables Sinking Ship puis The Boatman, et il faudra attendre le septième titre de la setlist pour revenir à Sands avec le très bon Moment, qui, ponctué d’un interlude électro, nous fait découvrir des talents cachés de Jinte, puis avec On A Roll.
C’est sans respect de la chronologie musicale que Balthazar aborde par la suite trois titres, issus de leur premier album, Applause : I’ll Stay Here, You Won’t Come Around et Blood Like Wine, le tout dans une ambiance intimiste, les musiciens ayant cédé la scène à Jint puis Marteen.
On continue avec les titres Linger On et I Want You avant d’arriver à l’apothéose du concert, annoncée par l’unique et formidable ligne de basse en introduction de Fever, faisant monter la température de l’Olympia de plusieurs degrés Celsius dans une atmosphère déchainée et bienveillante. Certains fans brandissent des pancartes A4 – au graphisme contestable – sur lesquelles est marqué « Balthazar You Give Us Fever », le tout amusant le public et, fait rare, parvenant à faire décrocher un premier sourire au groupe après plus d’une heure de concert. En plein groove de leur hit désormais bien connu, Jint et Marteen s’adonnent à nouveau à une parenthèse électro démontrant à nouveau leur talent sur Synth Pad. C’est sur cet interlude – faisant presque (trop ?) penser à du Kraftwerk – que les membres s’accordent une petite pause de deux minutes et durant lequel la foule chante à gorge déployée le refrain de Fever, que le groupe s’empresse de revenir terminer sur scène avec un remarquable outro, avant de clôturer le set sur Entertainement, autre titre iconique du précédent album.
Après de longues acclamations, le groupe revient sur scène pour un rappel ponctué de chaleureux et authentiques remerciements et d’une joie non feinte de jouer à nouveau dans la capitale. C’est donc sur Bunker et Losers – dernier single en date – que Balthazar terminent un concert à la fois intimiste et déjanté devant le public de l’Olympia totalement conquis.
Si beaucoup étaient restés sur leur faim lors des derniers passages parisiens du groupe, il convient de reconnaître un net progrès scénique ainsi qu’une meilleure synergie malgré une indéniable nonchalance, à la fois agaçante et séduisante. Coup de chance ou ascendance de la pente de Balthazar vers de futures années d’or ? Seul le temps nous le dira, mais une chose est sure : on a aimé et on reviendra bien volontiers.
Photos : Robert Gil
Texte : Nayl Badreddine