Concert « secret » de girl in red, annoncé discrètement sur les réseaux sociaux deux jours avant, avec entrée gratuite mais accès très limité aux 100 premières personnes : l’occasion parfaite de revoir dans une petite salle – à la Boule Noire, là où nous l’avions découverte en live il y a déjà deux ans et demi – une artiste qui est déjà passée à une dimension bien supérieure…
Comme c’était prévisible, les jeunes fans de Marie Ulven Ringheim font la queue depuis le début de la matinée pour une ouverture des portes à 19h30. Heureusement, en ce 11 novembre 2021, le temps est clément, froid sec, pas de vent et grand ciel bleu. Petit moment d’angoisse générale à l’entrée, bien gérée par le staff : contrôle du pass sanitaire permettant le contrôle (?) du nom des personnes inscrites sur le site, et les heureux / ses élu(e)s pénètrent enfin dans le lieu de leurs rêves !
20h30 : finalement il est clair qu’on a laissé entrer plus de 100 personnes, ce qui est une bonne chose quand on considère le temps d’attente… L’atmosphère est, comme à chaque fois qu’on voit girl in red sur scène, très jeune (ces hurlements stridents, comme si on était à nouveau à l’époque des Fab Four !), mais surtout très féminine et très chaleureuse. De manière surprenante, il n’y a ni amplis ni retours sur la scène, ce qui éveille des doutes sur la qualité du son auquel on aura droit… et de fait, hormis la voix de Marie, le reste du son ne rendra pas honneur à l’enthousiasme et l’énergie des jeunes musiciens du groupe, qui se déchaînent généreusement sur chaque chanson.
Passée un Sérotonine peu convaincant en intro, on retrouve la mécanique très simple de la majorité des chansons de girl in red, cette bedroom pop mélancolique qui explose sur des refrains très efficaces, très rock, où tout le monde hurle en chœur – couvrant régulièrement la sono, qui aurait pu être plus forte – et saute en l’air. C’est évidemment très joyeux et des frissons nous parcourent régulièrement l’échine quand l’enthousiasme des jeunes filles s’approche de l’hystérie. Des morceaux « classiques » du répertoire comme girls (trois ans déjà !) et le fantastique dead girl in the pool sont des pics d’intensité logiques, mais c’est plutôt le très beau Body and Mind, sur un registre différent, qui prouve que Marie a le potentiel de dépasser son statut actuel d’idole adolescente.
Ce qu’il y a de bien avec « Marie et ses garçons », c’est qu’ils ont conservé toute la fraîcheur des premiers jours, cette impression générale d’amateurisme bon enfant et généreux à la fois qui tranche si clairement avec le comportement de jeunes groupes britanniques par exemple. Dès le début du set, Marie surfe sur les bras tendus de ses adoratrices (et adorateurs), et sur le dernier morceau, l’incontournable i wanna be your girlfriend, elle organise le mosh pit pour venir y pogoter elle-même.
Tout au long du concert, elle va continuer à parler beaucoup – on sait combien elle est bavarde, Marie ! – incluant ses fans dans ses monologues sur sa vie de jeune norvégienne gay et presque ordinaire (malgré sa célébrité !). Le problème est que, trois ans après ses débuts remarqués, on aimerait un peu plus d’organisation et de rigueur (on ne va pas parler de professionnalisme, heureusement !) : moins de longs bavardages et un enchaînement plus rapide des chansons qui éviterait des baisses de tension, et des musiciens qui maîtrisent un tantinet mieux leur sujet seraient deux « plus » évidents pour accompagner le niveau de popularité croissante du groupe. On ne peut pas s’empêcher de rester stupéfaits devant le choc survenu sur scène entre le bassiste et l’un des deux guitaristes, qui s’est pris le manche de la basse en plein dans les dents, et a été quasiment mis KO quelques secondes !… Soit le genre de choses qu’on n’avait quasiment jamais vu arriver même pendant les concerts punks les plus survoltés et violents…
De la même manière, le fait que le groupe ne soit pas capable d’accompagner Marie lorsque, pour satisfaire ses fans réclamant plus de chansons, elle voudrait leur offrir un Hornylovesickmess non prévu sur la setlist, pose quand même un souci. Remarquez que Marie n’a pas flanché, qu’elle a pris son courage à deux mains, s’est installée au piano – un instrument qu’elle ne maîtrise pas complètement – et nous a offert une interprétation improvisée en solo et ralentie de la chanson, qui a été l’un des moments les plus touchants du concert… donc nous ne nous plaindrons pas trop !
1h10 d’un set à la bonne franquette, régulièrement réjouissant, mais qui témoigne aussi de la nécessité pour Marie et son girl in red de prendre leur envol, et dépasser ce premier stade des années d’apprentissage.
On se revoit en mai prochain pour faire le point !
Photos : Robert Gil
Texte : Eric Debarnot
girl in red – if i could make it go quiet : Marie et les filles…