Entre réalité et fiction, Romane Bohringer et Philippe Rebbot se sont inspirés de leur quotidien et ont plongé dans leurs souvenirs communs pour imaginer la mini-série L’amour flou. Un projet aussi dingue qu’ambitieux pour un résultat épatant.
L’amour flou, c’était au départ un film imaginé pour raconter comment Romane Bohringer et Philippe Rebbot se sont séparés sans se quitter. Pour ne pas avoir à se partager la garde de leurs enfants, ils ont imaginé un « sépartement », soit deux appartements en un, ou plutôt un grand appartement coupé en deux et relié par un couloir dans lequel se trouve la chambre des deux enfants, Raoul et Rose. Un film plein de spontanéité et de tendresse tourné avec les moyens du bord et qui a connu un beau succès au cinéma. De fil en aiguille, le film est devenu une mini série dans laquelle on retrouve quasiment tous les personnages du film, plus quelques invités surprises comme Monica Bellucci, Reda Kateb, Samir Guesmi ou Céline Sallette.
C’est donc avec grand plaisir que l’on retrouve le couple séparé le plus sympathique du cinéma français, vivant toujours chacun séparément, tout en se croisant quasiment tous les jours. Car ce « sépartement » est une formidable invention, un lieu de vie étonnant et un peu déstabilisant comme on peut le voir tout au long de la série. Un principe de cohabitation qu’il fallait bien mettre en scène pour raconter comment on peut vivre aujourd’hui de cette manière, avec évidemment ses avantages et ses inconvénients. Car un tel mode de vie demande évidemment les efforts, des sacrifices surtout quand l’un ou l’autre décide de refaire sa vie.
Tout aussi drôle, voire plus encore que le film, cette mini série en neuf épisodes co-écrite avec Gabor Rassov nous replonge dans le quotidien des deux acteurs, devant gérer à la fois leur vie familiale, leurs projets, et leurs rencontres. Au fil des épisodes, on découvrira comment Philippe va s’engager en politique…et surtout sous le charme de Clémentine Autain. On verra comment Romane va tenter de concavité son nouvel amoureux, Patrick (Eric Caravaca), de venir vivre avec elle dans le « séparatement ». Mais le mode de vie de l’un et l’autre constitue une sacrée contrainte qu’ils vont devoir surmonter… sans compter les petits soucis de santé du père de Philippe et de Romane. Car il faut le préciser, toute la famille de Philippe et de Romane sont de la partie, et ils ne vont pas leur faciliter les choses !
Autant dire que les neuf épisodes passent très vite en compagnie de cette famille un peu folle que se croise sans cesse et de laquelle se dégage une énergie, une vitalité, avec des enfants ne sont pas en reste pour mettre leur grain de sel ici ou là.
On se prend très vite d’affection pour tout ce petit monde, on partage leurs joies et leurs peines, bref on a l’impression d’être à leurs côtés du matin au soir.
Entre réalité et fiction, les deux acteurs réussissent l’alchimie parfaite pour rendre leurs histoires on ne peut plus crédible et pour mettre en scène tous ces petits détails du quotidien, parfois anodins, mais dans lesquels chacun s’y retrouvera sans doute un peu.
. On sent d’ailleurs beaucoup de respect et de tendresse entre les deux êtres, et une réelle complicité qui rejaillit à l’écran, malgré les tensions qui peuvent régner à certains moments on imagine.
Une série aussi originale que brillante, débordant de sincérité, de générosité, de drôlerie, de tendresse et d’inventivité servie par deux acteurs épatants. Sans aucun doute la « Feelgood série » de l’année 2021.
Benoit RICHARD