Première idée de cadeau pour les fêtes (à moins de préférer le garder pour soi-même !), le superbe livre de Dominique Dupuis sur le Pink Floyd fera la joie des néophytes comme des amoureux convaincus du groupe. A dévorer très vite, à contempler longuement et à ranger pour toujours à la lettre P de votre discothèque.
Si le Pink Floyd s’est hissé au niveau des Beatles et des Stones pour constituer la sainte trinité définitive (probablement) du Rock « classique », c’est pour tout un tas de raisons, qui vont clairement varier d’un fan à l’autre. Il y a les pragmatiques qui respectent un groupe ayant placé un album (Dark Side of the Moon, bien entendu…) pendant 736 semaines dans les charts US ; il y a les esthètes qui vénéreront à jamais le « groupe de Syd Barett » et son Piper at the Gates of Dawn qui challengera en 1967 des albums aussi essentiels que Sergent Pepper‘s ou le premier Doors et le premier Velvet Underground. Il y a les amoureux éternels du psychédélisme expérimental de Ummagumma, Meddle et consorts. Et il y a ceux qui ne jurent que par la dictature paradoxalement contestataire de Roger Waters avec ses albums mégalomanes. Rien de commun entre ces « cohortes » qui ont tendance à se mépriser les unes les autres… si ce n’est que pour toutes, le Pink Floyd de Dominique Dupuis sera très probablement un must absolu…
Il est sans doute inutile de présenter Dominique Dupuis aux fans de Rock : cet homme a quand même été manager des Stinky Toys en 1977, ce qui suffirait à faire de lui une icône (enfin, pour nous !)… mais il a aussi sorti nombre d’ouvrages de référence sur la musique, et en particulier sur le Rock progressif (on aimerait bien comprendre ce grand écart entre le punk et le prog, mais c’est sans doute aussi cette versatilité qui le rend passionnant dans ses analyses…).
Pink Floyd est un régal, parce qu’il a été imaginé et réalisé par un vrai fan, qui a l’intelligence de pondérer l’objectivité de ses analyses de connaisseur de la musique par sa passion pour le groupe. Il est construit sur un principe simple : présenter chronologiquement tous les albums studio du groupe, ceux des musiciens en solo, mais également les enregistrements live – nombreux – et même certains pirates célèbres. Avec pour chacun des enregistrements chroniqués, de belles reproductions des pochettes originales des vinyles, et un texte – toujours passionnant, même pour ceux qui ne feraient pas partie des fans du groupe – expliquant le contexte de l’album, et analysant l’album et les chansons. Bien sûr, on parle ici d’un très bel objet, un livre relié et présenté dans un format approprié de 30 cm x 30 cm, le même que celui des disques… ce qui permettra d’ailleurs son rangement facile dans une discothèque !
Mais il n’est nul besoin de survendre un ouvrage aussi superbe, qui répond à peu près à tout type de public, alors citons plutôt ce que nous rappelle Dupuis dans sa belle introduction : « La liberté demande à ce qu’on jouisse d’elle sans restriction« , une phrase d’André Breton, pour ne pas oublier qu’avant d’être un groupe « dinosaure », aux mains de musiciens multimillionnaires se déchirant entre eux pour des problèmes d’ego, responsable de quelques albums utilisés à l’époque de leur sortie pour tester la qualité sonore du chaînes HiFi (on vous parle d’un autre temps, clairement !), le Pink Floyd aura créé à lui seul une forme de musique formidablement libre, et libératrice. Notre époque aurait bien besoin d’un nouveau Pink Floyd. En attendant, nous avons entre les mains un beau livre à chérir.
Eric Debarnot