Après deux longs séjours consacrés à la découverte du Japon, de ses poètes et de ses peintres, Catherine Meurisse fait partager son émerveillement dans ce beau et fantastique récit d’auto-fiction.
Avec La Jeune Femme et la Mer, Catherine Meurisse s’inspire ouvertement du célèbre ouvrage de Natsume Sôseki (Oreiller d’herbe -1906) dans lequel un jeune peintre, en quête de la plus pure des peintures, quittait la ville pour se retirer dans la montagne. Il y rencontrait une jeune femme fantasque, échouait dans sa quête esthétique, mais se révélait poète.
Le récit a une base historique. Une longue résidence d’artiste a permis à Catherine Meurisse de s’initier à de la culture nippone. Une culture associée à la nature : « Je voudrais peindre la nature », affirme-t-elle dès les premières pages. Cousine de la nôtre, la végétation autochtone la rassure. Une fois installée, elle s’avoue surprise de découvrir, qu’en dépit de leur étrangeté, la poésie et la peinture locales lui parlent. Sous l’influence de ses lectures, le récit prend une tournure fantastique avec l’impertinent tanuki, cher à Isao Takahata, et la magnifique, et éternellement jeune, femme aux multiples maris. Elle s’affranchit de la barrière de la langue et devise avec le peintre en panne d’inspiration, qui l’initie aux subtilités du haïku.
Une jeune femme
Scrute la mer impassible –
Causerie féconde
Drôles et attachants, ses personnages sont gentiment croqués dans un style qui rappelle celui de son amie Claire Bretecher, en moins acide. Le tanuki et le vieux peintre sont particulièrement réussis. Alliant plume et aquarelle, elle livre de magnifiques décors champêtres en pleine page dans l’esprit des estampes ukiyo-e. Le Japon, ce n’est pas si loin de nous, à moins que la culture ne soit universelle !
Stéphane de Boysson