… Et l’Olympia s’est littéralement embrasée pour les Hives, transformant un concert, qui n’aurait pu être que « moyen », en fête générale. Sortilèges du punk rock suédois ou magie du plaisir de se retrouver tous ensemble après tant de mois d’attente ?
Au moment du choix – impossible – entre aller voir The OSees (ou quelle que soit la manière dont le nom du groupe s’écrive en ce moment…) et The Hives, tous deux en concert le même soir à Paris, notre logique a été totalement influencée par la situation pandémique : il y avait plus de chances qu’un groupe suédois puisse venir jouer qu’un groupe américain, n’est-ce pas ? Et puis les Hives, même si l’on n’espère plus de véritable surprise de la part de nos éternels punks en costume-cravate noir ou blanc, ou noir et blanc, c’est la garantie d’une bonne soirée, avec un grand sourire en prime !
20h30 : The Dahmers sont arrivés dans les bagages des Hives, et nous sont vendus comme un autre groupe punk suédois derrière un nom inspiré – mauvais goût garanti – du fameux serial killer américain. Malheureusement, mal fagotés dans des combinaisons noires ornées de dessins de squelette, ils ressemblent surtout à une version cheap de leurs compatriotes de Ghost. Ou encore à une résurrection du groupe gothique macabre et ridicule des Juicy Fruits, accompagnant Beef dans Phantom of the Paradise… Vous voyez le genre ! The Dahmers jouent ce qui est en fait un hard rock speedé très seventies dans l’esprit – d’ailleurs ils citent à un moment le Highway Star de Deep Purple… Tout cela est à la fois presque enfantin dans la caricature (avec ces titres de chanson grandguignolesques, comme Creepiest Creep, Cold Skin ou Blood on My Hands…) – donc sympathique – et vraiment pas inspiré. Scène typique : ils se font un selfie devant la fosse de l’Olympia en (faux) délire (organisé pour la photo). Le triomphe du paraître ?
21h00 : cette fois, puisque les paris étaient ouverts entre les partisans du blanc et les défenseurs du noir parmi les fans, les Hives ont choisi le costume noir avec des rayures zébrées blanches- phosphorescentes dans l’obscurité, avec la traditionnelle chemise blanche dessous. Très classe, comme toujours. On attaque, sans surprise, par Come On, mais quelque cloche : le son est confus, pas assez fort, la voix de Pelle est presque inaudible, ce qui est très rare à l’Olympia. Pire, le groupe ne dégage pas son habituelle énergie… Mais peu importe, le public parisien est déjà à fond !
Si le son va s’améliorer (un peu), et si le groupe va progressivement trouver son rythme (Pelle reconnaîtra d’ailleurs, de manière inhabituelle, que les Hives post-pandémie ont un peu de mal à retrouver leurs marques…), la joie et l’énergie du public parisien ne baisseront jamais durant l’heure dix qui va suivre. Et si, au final, ce concert « de retrouvailles » atteindra parfois des sommets, ce sera largement grâce à l’enthousiasme délirant de toutes (beaucoup de filles qui n’hésitent pas à slammer, et qui hurlent) et de tous. Des sommets, il y en aura plusieurs dans la soirée : Won’t Be Long (sans doute leur meilleure mélodie à chanter tous ensemble !), Walk Idiot Walk, et surtout, comme toujours, leur tube parfait, Hate to Say I Told You So : trois moments de joie intense, de profonde satisfaction « physique », trois moments où l’Olympia tout entière, avec tout le monde au balcon debout et dansant, ressemble à un immense chaudron en ébullition. Trois moments où les Hives deviennent un grand groupe.
Cerise sur le gâteau, Pelle, même s’il continue à assurer son rôle de M. Loyal du cirque des Hives, sera un peu moins bavard qu’à son habitude. On comprend que les dialogues de Pelle avec le public font partie du charme du groupe, qu’ils servent sans doute aussi aux musiciens à reprendre un peu leur souffle entre deux brûlots punks joués à cent à l’heure, mais on est contents de rester dans la mesure à ce niveau-là ! Par contre Pelle et Nicholaus continuent à être tous deux en contact permanent avec les premiers rangs, voire pour Pelle, à se lancer dans quelques slams : il y a des choses qui ne changent pas, et c’est tant mieux !
Le rappel débute par le single de 2019, I’m Alive, assez peu connu mais diablement efficace puisqu’il rompt avec le style habituel du groupe, en étant plus lent et plus lourd, et s’éternisera un peu sur un Tick Tick Boom, certes très attendu, mais trop délayé, entre les présentations humoristiques des musiciens et l’habituel petit jeu de faire asseoir le public (très difficile, vu comme nous sommes entassés !)….
…Mais, au bout de la nuit – courte, quand même, la nuit – l’ambiance incroyable qui régnait dans une Olympia que l’on n’avait pas vu autant à la fête depuis longtemps, fut notre plus belle récompense… à nous comme aux musiciens, visiblement heureux de cette chaleureuse réception.
Photos et textes : Eric Debarnot