Sans Internet, voilà un groupe qui n’aurait pas vu le jour. Ce qui nous aurait privé d’un premier album blindé de super chansons indie-pop 90’s. Ce groupe c’est Meyverlin, ils sont français et nous ramènent tout droit aux années Bernard Lenoir.
Que pouvait donc bien réunir trois quadras férus de musique anglo-saxonne? Une passion commune pour la pop indépendante, des Smiths en passant par Ride et le real New Order ? Sans doute.
Aux guitares et à la basse, Philippe Lavergne n’est pas un inconnu. Au début des années 90, il est le chanteur-guitariste des Freluquets, groupe originaire de Perpignan signé chez Rosebud et qui faisait une fixette sur la pop à ligne claire aux côtés de Chelsea, The Little Rabbits et Welcome To Julian. Des États-Unis où il résidait encore récemment, il partage des fichiers musicaux avec Thierry Haliniak, chanteur et guitariste de My Raining Stars, groupe noisy-pop qui doit autant à Moose qu’aux Boo Radleys. Quant aux paroles, elles sont écrites par un certain Gilles Ramey, fan de post-punk et bodyguard fantasmé de Peter Hook, ex-bassiste de New Order.
Leur capacité à composer des tubes comme on n’en fait plus n’est pas feinte. Il suffit d’écouter les dynamiques Dying Love, Archangel ou Nice Guy pour s’en convaincre, et goûter à ces sons noisy-cristallins des guitares – une en acoustique, une en distorsion et enfin une en arpège – pour sonner comme un mix 60’s et 90’s.
La voix, souvent doublée, trouve des cascades de mélodies et sait se jouer des contre-chants pendant que la basse s’affirme à coup d’effets stylés new-wave assumés et discrets. Dans une veine plus brit-pop, Colourblind, Shades, Rebellion et Unfaithfull nous font rêver de cette Angleterre fantasmée, avec des riffs bien en verve, qui lorgnent autant vers les Housemartins, La’s que les frères Head des Pale Fountains, une bonne pinte de Stout dans chaque main.
Autant Mancunien que Liverpudliens dans la forme, Meyverlin compose des titres immédiatement catchy qui ravivent une période insouciante ou l’enthousiasme prévalait sur des considérations techniques. Nul doute, que si Daily Event était sorti en 1990, il aurait connu un succès indéniable auprès du nombreux public Indie en imaginant que Bernard Lenoir (le John Peel Français) les aurait sans doute diffusés dans son émission radio sur France Inter. Ce qui me fait penser que ces trois là sont restés de grands ados. Et ils ne sont pas les seuls….
Mathieu Marmillot