Flash back sur le récent concert au Bataclan de The Jesus And Mary Chain qui interprétait son magnifique second album, Darklands. Une plongée un peu nostalgique dans cette décade de la fin des années 80 à 90 pour groupe et un public apaisés.
Dimanche 5 décembre 2021, un dimanche froid et humide. Nous avons rendez-vous avec The Jesus And Mary Chain qui jouent ce soir au Bataclan. Le temps est de circonstances avec cette tournée qui s’articule autour de l’album Darklands, dans lequel Jim Reid clame qu’il est heureux quand la pluie tombe. Nous arrivons un peu avant l’ouverture des portes et la file d’attente ne comporte que quelques personnes suffisamment motivées pour se geler un peu dehors. Heureusement il ne pleut plus. Nous sommes dans les premiers, nous serons donc au premier rang, c’est une bonne chose.
La première partie est assurée par un groupe écossais Rev Magnetic. Leur musique, oscillant entre shoegaze et dream pop avec quelques textures R&B, est ma foi intéressante. On apprécie particulièrement les nappes de guitares et l’incursion du violon. Seul point noir à ce tableau musical, les balances ne sont pas parfaitement réalisées et ne mettent pas en valeur les subtilités de la musique proposée par le groupe de Glasgow. Après les quelques minutes nécessaires pour apprivoiser ce style de musique, le public semble être convaincu et apprécier. Luke Sutherland s’étant blessé lors d’un précédent concert, une rupture du tendon d’Achille, il a une jambe dans le plâtre qui l’oblige à faire son concert assis, ce qui ne l’empêche pas d’assurer ses parties de guitare et de violon. C’est donc la bassiste, Audrey Bizouerne, une Française installée à Glasgow, qui assure le show sur scène, le second guitariste adoptant la posture shoegaze. Petite mention spéciale au batteur, Iain Stewart, qui lui aussi aura assuré sa partie avec brio. Certains rythmes nous rappellent d’ailleurs l’âge d’or du post punk, autre influence qu’il faut ajouter à Rev Magnetic, notamment celui de la nouvelle chanson (dédicacée à Hélène). Une belle première partie donc, d’un groupe à suivre (en plus ils sont écossais !).
Les Jesus And Mary Chain pénètrent sur la scène bien évidemment plongée dans une quasi-obscurité et les nappes de fumée. Jim Reid, maintenant qu’il s’adresse au public, nous annonce le programme. Le concert est composé de deux sets. Dans le premier, c’est l’album Darklands, le second album du groupe qui date de 1987, qui sera joué en intégralité. Le second set sera lui composé de titres de divers albums qui devraient rappeler des souvenirs aux plus anciens de l’audience. Ce premier set est sans surprise, mais on redécouvre cet excellent second album du groupe, un de leurs meilleurs, parfaitement interprété ce soir. Jim et William Reid, les deux frères, ont changé depuis leurs débuts, mais la musique elle est toujours aussi intéressante, même s’il n’y a plus la découverte qui accompagnait celle-ci dans les années 80, les Jesus And Mary Chain ayant été les précurseurs de ce qui sera ensuite le shoegazing…
Mais l’attitude a changé. Fini l’arrogance des débuts, Jim s’adresse au public, certes de manière encore parcimonieuse, et finalement on préfère ça ! Le son est impeccable, ni trop fort, ni trop faible, on distingue bien tous les instruments. Les riffs et solos de William sont fidèles à ce qu’on a toujours connu et finalement apprécié : simples mais terriblement efficaces, on le réalise de nouveau avec l’intégralité de Darklands. La voix de Jim Reid, qui n’a jamais été très puissante, a gardé sa clarté malgré les années qui ont passé. Bon, Jim garde tout de même certains vieux réflexes comme celui de tourner régulièrement le dos au public, mais il n’y a plus de défi dans ce comportement. On s’achemine donc dans une atmosphère tranquille vers la fin du set, l’album Darklands privilégiant les atmosphères et les mélodies.
Après un petit break de cinq minutes les musiciens reviennent sur scène pour le second set. Nous observons un changement, plus de rythme dans ce second set. Le groupe a choisi pour cette tournée 2021, des titres de toutes les époques, mais capables de faire bouger le public. On débute avec Happy Place que les JAMC n’avaient pas joué depuis 1988, avant d’enchaîner sur le rythmé Everything’s Alright When You’re Down datant de 1987 mais pas joué depuis 1992. Sur Taste of Cindy, tiré de Psychocandy, ça commence à remuer dans la salle, et tout le monde reprend en chœur les « ho ho ho ». Puis nous avons droit à deux titres, anciens mais jamais joués en live avant cette tournée de 2021, Drop de 1989 et God Help Me de 1994. On voit que le public est moins familier avec ces chansons. Le titre le plus récent est Up Too High.
I Love Rock n’ Roll remet la pêche, et le set se termine en apothéose, le public se déchainant de plus en plus sur les derniers titres comme Moe Tucker, Come On et le strident Kill Surf City, des chansons qu’on avait plus entendues depuis les années 90 en live ! Au premier rang, on sent les coups dans le dos, mais cela reste tout de même très raisonnable, on a déjà beaucoup plus souffert en fosse. Mais ça bouge enfin ! Et Jim Reid se fend de remerciements au public pour être venu les voir. Le rappel commence par le classique Just Like Honey pour lequel Jim est rejoint au chant par Audrey des Rev Magnetic, et le concert se termine par une de leurs toutes premières chansons, Never Understand.
Rien de neuf donc dans ce concert en termes de musique, mais une plongée un peu nostalgique dans cette décade de la fin des années 80 à 90. Un groupe et un public apaisés, qui ne cherchent plus qu’à se faire plaisir sans excès. Hé bien, moi j’achète, car on en sort finalement contents, on a passé un très bon moment, avec de la bonne musique, un excellent light show, et dans une bonne ambiance. Les excès seront pour l’après pandémie !
Photos : Robert Gil
Texte : Jean-O