Nous avons découvert Ottis Cœur sur la scène de Petit Bain dans le cadre du festival les Femmes s’en Mêlent, et nous avons eu un coup de cœur pour ces morceaux, chantés en français, et balancés avec une énergie qui rappelle le meilleur des années 90. Il nous fallait absolument les rencontrer à l’occasion de la sortie de leur premier EP.
Benzine : Est-ce que vous pouvez, pour commencer, nous parler un peu d’où vous venez, toutes les deux, et surtout, bien sûr, de celles de votre musique ?
Margaux : Je viens de Lyon, j’ai habité quelques temps à Manchester avant de revenir en France, à Paris, où j’ai rencontré Camille…
Camille : Moi, je suis née dans le Var, puis j’ai déménagé à St Nazaire, puis à Rennes en musicologie, avant d’arriver à Paris.
Ottis Cœur (Camille et Margaux ensemble…) : On s’est rencontrées à une formation de musique, mais Ottis Cœur est né pendant le premier confinement ! On avait toutes deux des projets solos, mais on a eu l’opportunité de se confiner ensemble dans une maison à la campagne avec des instruments. On devait partir pour 2 semaines, et ça a duré 3 mois ! (rires) On a fait de la musique ensemble, on s’est raconté plein d’histoires, et on a composé des chansons… Le nom du groupe est venu de ces histoires : on s’est dit que le prénom Ottis pourrait symboliser toutes ces relations toxiques qu’on avait connues… Mais le cœur ensuite, c’est pour illustrer les valeurs de bienveillance qui sont importantes pour nous…
Benzine : Quelles sont les musiques qui ont inspiré votre projet actuel ? Dans quel courant pensez-vous vous inscrire ?
Margaux : Je viens du Rock à la base, du post-punk, mais j’ai pris un virage soul et new soul, alors que j’étais à Manchester, bizarrement… puis retour au post punk !
Camille : Moi, je suis autant Bobby Lapointe que Jeff Buckley ! Mais j’aime principalement les voix féminines, comme PJ Harvey, Angel Olsen, Sharon Van Etten…
Ottis Cœur : On veut faire partie du courant musical pop rock, parce qu’on veut avoir des mélodies pop qui parlent à tout le monde, pour transmettre des messages le plus largement possible, avec une musique qui soit rock. En fait, on a pas mal écouté The Kills, mais aussi The Do, qui ont des mélodies fantastiques…
Benzine : Vous en êtes où, aujourd’hui ? Des plans pour un album ?
Ottis Cœur : On vient de sortir notre EP, Juste Derrière Toi, mais on a déjà pas mal de nouveaux titres, à produire en studio à la rentrée. Ça sera peut-être un autre EP, ça va dépendre… On va rester dans la ligne de ce qu’on a fait jusqu’à présent, on veut avoir une proposition très brute dans un format « power trio » en live, mais offrir de la musique plus sophistiquée en album.
Benzine : Power Trio ? Mais vous n’êtes que deux… (rires)
Ottis Cœur : Oui mais non car avec nous, à la batterie, c’est principalement Amélie, dite Kiki la frappe !
Benzine : Et de manière générale, quelle est votre opinion sur l’évolution de la musique ? Du Rock en particulier ?
Ottis Cœur : Ça a beaucoup changé avec les plateformes de streaming, les morceaux sont plus chronométrés, plus courts, plus calibrés, et ça, ce sont des contraintes agaçantes. Mais on a l’impression que les gens vont se lasser de ce type de format et que le Rock va revenir. D’ailleurs, le Rock bouge beaucoup au niveau des femmes. Il y a aussi une augmentation des projets solo, pour des raisons purement financières. C’est un peu triste, parce que les collaborations, c’est quand même bien. Mais surtout, il y a aujourd’hui une scène française Rock qui est brillante, avec un vrai esprit de communauté.
Benzine : Et donc, quelles sont les prochaines étapes pour Ottis Cœur ?
Ottis Cœur : On joue mercredi à l’Olympia en première partie de Magenta. Et puis on jouera en février à l’EMB Sannois, en première partie de Johnny Mafia. Et il y aura des dates de tournée qui seront annoncées…
Propos recueillis par Eric Debarnot le 13 décembre 2021