Parfaite soirée de panorama du Rock français actuel au Supersonic ce mercredi avec les Parisiens de The Choices, les Lyonnais de Quai Bondy, et surtout les Rennais de Clavicule, qui ont confirmé qu’ils sont un groupe majeur de notre excellente scène nationale.
Ça fait un an et demi qu’on attend de pouvoir écouter et voir Clavicule sur scène – c’est notre faite, d’ailleurs, on les a loupés voici quelques mois au Trabendo -, depuis la claque de la découverte de leur incroyable album Garage is Dead… Ce soir, notre rêve va se réaliser, in extremis avant les fêtes, ou pire, avant une nième fermeture des salles du fait du nouveau variant (omicron, cette fois) qui vient de débarquer. Malheureusement, est-ce l’effet des vacances, celui des fêtes ou tout simplement du froid polaire qui règne sur Paris en ce moment ? mais le Supersonic ne fait pas le plein ce soir, pour célébrer comme il se doit l’un des meilleurs groupes français du moment.
20h30 : la soirée commence avec The Choices, de Paris : trois musiciens qui ne sont plus des perdreaux de l’année et Jenny Woo, une chanteuse – canadienne – au charisme indéniable, jouent du pop punk millésime 79 – 80. Avec des morceaux de 2 min 30 maximum, des mélodies immédiatement mémorisables et qu’on peut chanter avec eux, et une énergie positive qu’ils affirment inspirées des Undertones – en passant, l’une des meilleures références qui soient – dont ils reprennent Boys will be Boys, The Choices sonnent en fait souvent plutôt comme le X de Wild Gift, ce qui est un sacré compliment de notre part… C’est peut-être à cause des touches rockab’ des solos de guitare, ou encore des assemblages accrocheurs de voix masculines et féminine. 45 minutes d’un set simple et parfaitement efficace, qui reprend l’intégralité de l’album du groupe, Beautiful Days, et qui monte en puissance au fur et à mesure, jusqu’à un excellent doublé final Grow Young / Blood, Sweat & Tears. Comme quoi, le bon Rock, ce n’est pas forcément très compliqué, il fait juste le talent de savoir faire simple…
21h35 : Quai Bondy, c’est un trio lyonnais (faisant référence au nom d’un quai de Saône de leur bonne ville…), que l’on peut réellement qualifier de « bondissant » (ha, ha !) et qui joue une musique originale, construite sur une batterie puissante, une basse dansante et musicale, rythmique irrésistible sur laquelle se rajoute une guitare abrasive. C’est énervé, volontaire, et ça peut même basculer de temps à autre – en dépit de l’absence d’un public suffisant, dans une rage bienfaisante… S’il n’y avait malheureusement un petit reproche à leur faire, c’est-à-dire le chant qui fonctionne sur un mécanisme vite répétitif de… glapissements aigus. Quai Bondy veulent mettre un « putain de bordel » dans la dernière partie de leur set, mais le Supersonic n’est ni assez rempli, ni assez chaud pour ça : qu’à cela ne tienne, ils arriveront à créer un joli désordre quand même sur un final super punky et plutôt enthousiasmant. 50 minutes, qui se seront étirées au-delà du temps initialement imparti… ce qui n’est pas très cool pour Clavicule qui vient ensuite…
Il est 22h45 déjà, et on sait bien que les 15 minutes de retard prises seront un problème pour Clavicule, qui devra écourter son set pour terminer peu après les 23h30 prévues. Et ça, c’est vraiment dommage étant donné la qualité du garage rock / métal des Rennais : à un niveau sonore dépassant celui habituel au Supersonic, voire en France en général, ils nous balancent une musique ultrapuissante, et totalement enthousiasmante. Même si l’on a apprécié les deux groupes précédents, on est clairement avec Clavicule à un niveau supérieur. Les morceaux, qui dépassent les codes parfois un peu simplistes du garage rock, sont assez longs, souvent rallongés par rapport aux versions de l’album pour inclure de magnifiques envols soniques, visant à détruite et notre ouïe et nos vertèbres cervicales dans un headbanging infernal. L’abrasif Today, avec ses riffs martiaux et son refrain hurlé et incendiaire, nous rappelle, comme sur l’album, la folie des Hives, L’efficacité absolue est atteinte avec l’accélération irrésistible, à mi-parcours, de My Time, mais ce sont les sonorités orientalisantes de Jericho qui capturent le mieux notre imagination. Quelle frustration quand même de voir ce set tout simplement magnifique interrompu avant sa fin, pour cause d’horaire dépassé !
Un groupe majeur, déjà, à revoir rapidement sur scène, pour confirmer cette splendide première impression, cette clôture en beauté d’une année 2021 de musique « live » malheureusement amputée de plusieurs mois pour cause de Covid…
Texte et photos : Eric Debarnot
Bonjour
Pourriez vous me dire à la date d’aujourd’hui combien totalisez vous de concerts vus svp?
Avec plaisir. Il faudrait que je regarde dans mes archives, mais j’en suis à 1300 environ.