My Name, la série coréenne ultra-violente et conforme aux codes du genre diffusée sur Netflix, pourra divertir, mais ne nous surprendra pas assez pour rester dans nos mémoires…
Les dernières séries coréennes à avoir fait le buzz sur nos plateformes présentaient toutes, quelles que soient leurs qualités respectives, une véritable originalité, qui en ont fait des œuvres dignes d’intérêt : à l’inverse, My Name, écrite, mise en scène et interprétée par une équipe quasi (pour ne pas dire totalement…) inconnue chez nous, nous renvoie dans les stéréotypes désormais bien arpentés – depuis une vingtaine d’années – du cinéma coréen, voire asiatique en général… Ce qui n’est d’ailleurs pas forcément désagréable, puisque l’on retrouve régulièrement dans la mini-série beaucoup de choses que l’on a appris à aimer…
Un peu comme dans le classique de Hong-Kong Infernal Affairs, par exemple, on a affaire ici à des infiltrations mutuelles entre forces de police et mafias, à des jeux de dupes qui se complexifient quand les protagonistes lient des relations d’amitié – voire plus – avec ceux qu’ils sont sensés trahir, au point que l’on ne saura plus vraiment qui manipule qui, et qui est encore sincère…
Comme dans de nombreux films « classiques » sud-coréens, la violence physique est omniprésente, avec dans chaque épisode, plusieurs batailles rangées entre membres des gangs et/ou policiers : filmées avec une brutalité sèche – et physiquement douloureuse – bien typique du Cinéma du Pays du Matin (pas si) Calme, ces scènes sanglantes, régulièrement choquantes pour un public non averti, sont évidemment rendues plus impactantes par le fait que – comme on l’a déjà vu ailleurs – l’usage d’armes à feu est excessivement rare, au bénéfice des armes blanches et des arts martiaux : réalistes, très sanglants, ces combats sont à la fois ce que My Name propose de mieux (gare au traumatisme, pour un téléspectateur qui ne connaîtrait que la violence édulcorée du cinéma US !), mais aussi finalement convenus, tant on a le droit de juger qu’on a déjà vu tout ça maintes fois au Cinéma, qui plus est magnifié par des réalisateurs qui ont beaucoup plus de talent que Kim Jin-Min.
My Name relate la vengeance d’une très jeune femme (Han So-Hee, dans un rôle mutique qu’elle a parfois du mal à transcender, mais qui s’avère paradoxalement très convaincante, et dont on suivra désormais la carrière) ayant assisté à l’assassinat de son père, membre d’un gang, et qui infiltre les forces de police au bénéfice du grand ponte du crime local (Park Hee-Soon, charismatique, impressionnant, qui sublime chaque scène où il apparaît, et que l’on ne voit vraiment pas assez !), afin de débusquer le meurtrier. Bien entendu, un twist – assez peu surprenant, en fait – rebattra les cartes à mi-parcours, et augmentera encore l’ambiguïté des positions de chacun des protagonistes… jusqu’à un long règlement de compte final, un peu routinier quand même…
Il est évident que l’une des principales qualités de My Name est l’absence de manichéisme et l’intangibilité de la fameuse frontière entre Bien et Mal… Et le pessimisme radical, qui en découle, et qu’on aurait même aimé voir logiquement matérialisé par une conclusion encore plus noire…
Bref, My Name est un excellent divertissement, mais qu’on recommandera particulièrement aux novices du Cinéma coréen, vu que les spectateurs plus avisés n’y trouveront rien de très surprenant.
Eric Debarnot