La série American Rust dont le titre évoque la « Rust Belt », (région étant considérée comme le cœur industriel des États-Unis, raconte la vie difficile d’habitants d’une petite ville de Pennsylvanie confrontée à un crime. Neuf épisodes captivants sur les laissés-pour-compte de l’Amérique post-Trump.
Adaptée du roman American Rust de Philipp Meyer sorti en 2009 chez Denoël sous le titre Un arrière-goût de rouille puis réédité en 2021 chez Albin Michel, cette mini série nous plonge dans une Amérique post-industielle en crise, au pays des « white trash », plus exactement dans une petite bourgade de Pennsylvanie en proie au chômage et au trafic de drogue, où deux adolescents vont se retrouver impliqués dans l’assassinat d’un ex-policier devenu dealer. Démarre alors une enquête menée par le shérif bienveillant de cette petite ville où tout le monde se connait, mais qui va très vite se révéler compliquée à cause des secrets, des non-dits et des rancœurs entre les autochtones.
Un genre d’univers que l’on commence à bien connaître à travers notamment la série True Detective, ou encore la très plébiscitée Mare of Easttown et qui se révèle ici tout aussi immersive, dense et fascinante, avec ses personnages modestes, attachants, complexes et fragiles, renfermant tous une part d’ombre et beaucoup de tristesse.
Grâce à un casting impeccable avec en tête d’affiche Jeff Daniels, parfait dans le rôle du shérif, et une réalisation soignée, cette mini-série nous montre une Amérique en crise, où les commerces et l’industrie ont déserté les lieux depuis longtemps, condamnant les habitants à la précarité. On y suit le destin d’habitants vivant dans une extrême pauvreté, et qui pour beaucoup n’ont pas réussi à quitter le pays pour oser tenter l’aventure ailleurs.
Bref, tous les ingrédients sont réunis pour faire d’American Rust une réussite et surtout montrer combien la situation actuelle n’a pas évolué d’un pouce au fil des décennies pour tous ces déclassés, ces victimes d’une crise économique qui n’en finit pas de faire des dégâts au Etats-Unis comme ailleurs. Une série très sombre donc, qui raconte aussi comment l’addiction aux opiacés et à l’alcool s’est rependue partout (voir la série Dopesick), comment le travail précaire, l’absence de syndicats dans les entreprises condamnent de plus en plus les travailleurs pauvres à vivre dans des Mobil-Homes avec des conditions de vie rudimentaires, sans assurance maladie pour payer les frais médicaux.
Benoit RICHARD