« Marché noir » : naissance d’un cinéaste iranien nommé Abbas Amini

Pour son premier long métrage, Marché noir, Abbas Amini nous offre un thriller où il est question de trafic d’argent, de conflits de générations et de culpabilité dans un Iran victime de l’inflation. Un film noir haletant et très réussi.

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Copyright L’Atelier Distribution

Au fil des années, le cinéma iranien est devenu aussi passionnant et indispensable que le cinéma coréen ou chinois, montrant de film en film une patte, un style, une manière de faire du cinéma propre à des réalisateurs travaillant pour certains dans des conditions difficiles, loin du regard des autorités iraniennes et qui, la plupart du temps, donnent des films passionnants.
Nouvelle démonstration avec Marché noir, qui, comme le très brillant La loi de Téhéran ou le récent Un héros de Asghar Farhadi et d’autres avant, montre à travers un scénario plutôt bien ficelé les dysfonctionnements et les dérives de la société iranienne.

Marche-noir-afficheDans ce film, il est question de trafic d’argent dans un pays où l’inflation ne cesse de gagner du terrain, et où les hommes sont contraints d’échanger des dollars ou des euros dans la rue ou dans des lieux de rassemblements clandestins. Un trafic qui donnera lieu à l’une des scènes les plus fortes du film où l’on voit des dizaines d’hommes rassemblés, hurlant des ordres d’achat… un spectacle qui ressemble à s’y méprendre à la bourse avant que celle-ci ne devienne tout informatisée.

Du côté de l’intrigue, le réalisateur nous emmène dans la ville de Téhéran et aux alentours, et plus précisément dans un abattoir où le gardien de ce lieu découvre trois cadavres. Son patron, un homme d’affaires aux méthodes louches, demande à son employé et au fils de ce dernier (Amirhosein Fathi, une révélation) – Un jeune homme expulsé de France pour avoir frappé un policier lorsqu’il était en transit à Calais – de se débarrasser des corps qui sont ceux de trois migrants Syriens. Mais très vite les enfants de l’un d’entre eux, inquiets de la disparition de leur père, vont se mettre enquêter et rôder autour de l’abattoir et de la maison du gardien, bien décidés à retrouver ce père disparu.

Film au rythme tendu et haletant, à la fois polar et film social, Marché noir révèle Abbas Amini, un nouveau cinéaste iranien tout aussi doué que ses collègues pour la mise en scène, pour cette manière si efficace de raconter son pays grâce a une mise en scène sans fioriture mais ultra efficace, au service d’une intrigue pleine de tensions et riche de rebondissements. A voir !

Benoit RICHARD

Marché noir
Film iranien de Abbas Amini
Avec Amirhossein Fathi, Mani Haghighi, Baran Kosari
Genre : drame, thriller
Durée : 1 h 42 min
Date de sortie en salle : 5 janvier 2022