Après un long séjour dans le japon médiéval fantastique (Okko), Hub prolonge avec ce second opus son immersion fascinante dans l’empire aztèque. Âmes sensibles s’abstenir…
Rappelons le pitch : Hub propose un thriller aztèque en cinq tomes. Il nous projette en 1454, époque où « l’Empire unique » ignore encore que ses jours sont comptés. Une série de meurtres sauvages alarme le pouvoir. Aidés d’Œil-Lance, un brillant commerçant, Serpent, un policier cynique et brutal, et Cozatl, un inquiétant prêtre sacrificateur, enquêtent. Curieusement, les trois protagonistes sont liés par un passé commun : jadis, ils eurent le même maître. Or, la résolution de l’énigme semble trouver sa source dans la petite école d’Ombre-Montagne. De fait, la narration bascule régulièrement d’une époque à l’autre.
Les décors sont extraordinairement fouillés. Chaque case est une invitation au voyage. Par un véritable tour de force, Hub recrée un monde disparu, avec ses rites et ses couleurs. Seules manquent les odeurs et la musique. Au fil des pages, nous apprenons à distinguer les classes sociales, la noblesse et l’administration, le clergé et les commerçants. Ce très ambitieux effort pour édifier un monde cruel, cohérent, mais objectivement étranger, rappelle, toutes proportions gardées, ceux de Frank Herbert ou de Tolkien.
Les personnages, et tout particulièrement les dix jeunes élèves d’Ombre-Montagne, sont magnifiquement écrits et dessinés. Découvrant les garçons désormais majeurs, nous sommes surpris par leurs évolutions. L’adulte ne tient pas nécessairement les promesses de l’enfance.
Le graphisme de Hub est vif et précis. Ses visages sont très expressifs et les attitudes signifiantes. La légèreté du trait « ligne claire » contraste agréablement avec la profonde noirceur du scénario. L’intrigue est complexe, les personnages nombreux, mais le découpage et la colorisation facilitent la compréhension.
Seule frustration, mais de taille, l’attente. Il nous faudra patienter trois années encore pour découvrir la résolution de cette ténébreuse affaire.
Stéphane de Boysson