Dernier round (même si en deux parties de 7 épisodes chacune) pour les Byrde dans les monts Ozark. Dernier round déjà prenant pour un étau qui se resserre complètement sur la famille, qui doit faire face et gérer tous les fronts risqués qu’elle a elle-même bâtis. Série au final culte ?
On ne va pas ici refaire l’histoire depuis le début (pour cela, allez jeter un oeil sur les chroniques de Ozark 1-2 et Ozark 3) ni divulgâcher (j’adore ce mot) le contenu de cette première moitié de saison finale… par contre, il semble pertinent de revenir de ce qui fait l’essence d’une très bonne série. Ozark a dès le début choisi la bonne idée de « ressembler à..« – au choix, Breaking Bad, Les Soprano, Narcos, The Americans ou Undercover – mais sans « ressembler à… » du tout. Au contraire, la série s’est façonnée une identité particulière, avec un décorum assez unique (les monts Ozark – « cote d’Azur des beaufs » d’après un des personnages) fait de baraques plus ou moins désœuvrées, de touristes improbables, de casinos défraîchis et de zones industrielles et de pêche un brin glauques. A ce décorum s’ajoute une galerie de personnages à la limite du cliché – chef de cartel mexicain, famille américaine idéale, redneck misérable, notable du coin véreux – mais qui s’inscrivent parfaitement dans cet univers, comme une évidence qui empêche de se dire que tout cela fait déjà-vu.
Enfin, les scénaristes ont patiemment construit, déconstruit même, un improbable pitch (déménagement d’une famille pour aller blanchir de l’argent de cartels dans des casinos, pompes funèbres et motels pourris…) pour en faire un thriller à la fois grandiose – tout prend une ampleur démesurée intensément accrocheuse – et une chronique dépressive sur des liens familiaux qui se délitent. Les Byrde sont la famille la plus incroyable, forte et presque attachante que l’on ait vu depuis celle de Breaking Bad : les affaires prennent le pas sur les tourments domestiques, les enjeux qui fondent une parentalité unie éclatent au fur et à mesure d’une pression extérieure terrible… et quand l’étau se resserre complètement sur les Byrde, que reste-t-il du socle familial ?
Car oui, si nous n’en sommes qu’à la moitié de saison, avec notamment des épisodes 6 et 7 intenses et déments, on comprend vite que les toiles nombreuses tirées depuis les trois saisons, bien que déjà pas mal trouées, vont très vite se raccrocher avec un dénouement que l’on imagine et qu’on espère aussi dingue que la plupart des péripéties qu’Ozark nous aura fait vivre pendant ces années. Et on peut déjà qualifier de culte ce quasi-parfait objet sériel, palpitant et sombre, offrant à la plupart des comédiennes et comédiens leur meilleur rôle à ce jour – ou du moins une aura à confirmer pour beaucoup. Sur ce point, il paraît impensable de ne pas avoir encore donné de récompense à son actrice principale, Laura Linney, souvent remarquée chez Eastwood, mais qui campe ici une mère aussi machiavélique que bouffée par ses démons intérieurs qui la rendent bouleversante. Elle est toujours géniale, même au fil de ces quatre saisons…
La suite de cette dernière saison se fait déjà attendre, cela va être très pénible de patienter…
Jean-françois Lahorgue