Chaque annonce d’un nouvel album de Black Flower sonne comme la perspective d’un moment doux et hors du temps, d’un voyage intérieur aux confins de l’onirisme, comme la promesse d’une accalmie salutaire.
Initié par Nathan Daems, saxophoniste, flutiste, compositeur bruxellois et tête pensante de la formation, qui officie également au sein de Echoes of Zoo et Dijf Sanders, Black Flower est avant tout une aventure musicale, une créature protéiforme en constante évolution, fouillant et créant autour des innombrables variations que proposent l’ethio-jazz et l’Afrobeat, en s’inspirant de Mulatu Astatke, Fela Kuti et diverses traditions musicales occidentales.
Le groupe comprend Jon Birdsong (dEUS, Beck, Calexico) au cornet à piston, Simon Segers (Absynthe Minded, De Beren Gieren, MDCIII) à la batterie, Filip Vandebril (Lady Linn, The Valerie Solanas).
Chaque album de Black Flower est une expérience à part entière, et chaque titre évocateur Abyssinia Afterlife (2014), Artifacts (2016), Ghost Radio (2016), Future Flora (2019)
Auréolé du récent succès rencontré lors de la parution en 2019 de Future Flora, Black Flower compte l’arrivée de nouveaux membres, tel que Karel Cuelenaere, lequel ajoute, de par sa maîtrise des sons de synthés et d’orgues, une touche tourbillonnante et malicieuse au titre Magma, qui ouvre l’album. C’est d’ailleurs à l’image de cette lave en fusion, coulante et se solidifiant avec le temps, que le processus de production de ce nouvel effort s’est opéré.
Le quintet belge ajoute une pierre à son édifice avec ce cinquième opus, résolument tourné vers la lumière, jusqu’à l’incandescence. Les plages sont hypnotiques et la dimension spirituelle, thématique récurrente dans l’œuvre du groupe, reste prégnante.
La flûte omniprésente se fait entêtante sur O Fogo, et le groupe déclare à son propos : « L’orgue et la flûte se déplacent comme une flamme dansante sur le groove presque naïf, donnant au morceau un sentiment de légèreté et de positivité. Nous nous imaginons en train de traverser la nature, un peu au dépourvu, excités de partir à l’aventure et désireux d’être stupéfaits par tout ce que nous voyons. Le titre porte le nom du volcan capverdien et se traduit par « Le feu ». »
Dive Deep Down, tout en allitération, nous entraîne dans une transe rythmée et tourbillonnante. Half Liquid nous transporte jusqu’en Inde, du côté des charmeurs de serpents.
A noter, une première pour le groupe : le titre Morning in the jungle se pare d’artifices vocaux, sublimé par le timbre de velours de leur compatriote Meskerem Mee, lauréate du Montreux Jazz Talent Award 2021. En résulte une balade aérienne et tropicale des plus zen.
Si les compositions sont soignées chez Black Flower grâce notamment au talent de Frederik Segers, le visuel n’est pas en reste… Raimund Wong signe une jolie conception graphique.
Ce nouvel album constitue donc une nouvelle démonstration d’excellence de la part du groupe, et si vous ne connaissez pas Black Flower, la meilleure façon de découvrir leur univers reste la scène, car leurs productions y prennent corps, et le groupe s’est bâti une solide réputation dans ce domaine.
David Counil