A travers les planches majestueuses d’une forêt d’automne canadienne, un père et son fils vont se retrouver pour partager les secrets les plus douloureux du passé. Mélancolie et évasion assurées.
Franklin, jeune homme résidant dans une ferme doit au plus vite retrouver son père mourant, Eldon à la demande de celui-ci. A son arrivée en ville, il découvre un homme ravagé et meurtri par l’alcool vivant dans la pauvreté. Dès leurs retrouvailles, une tension s’installe entre les deux protagonistes qui n’ont visiblement que peu de souvenirs en commun.
Soucieux de se libérer du poids des secrets entourant sa vie, Eldon demande à son fils de l’accompagner dans un ultime voyage à travers les montagnes, vers l’au-delà. Franklin accepte de l’y mener afin de lever le voile sur ses racines et connaître les raisons de son abandon.
Lors de ce périple, le père, par le biais de flashback, offre à son fils une lecture de la vie tragique qu’il a menée. Cela passera par des révélations sur son adolescence et se conclura sur la mère que Franklin n’a jamais connue. A travers de somptueuses planches automnales, l’apaisement familial pourra s’enclencher. Le fils apprendra à connaître son père et ce dernier découvrira un garçon plein de promesses d’avenirs.
Les étoiles s’éteignent à l’aube est une adaptation du roman éponyme de Richard Wagamese, un écrivain objiwe (tribu issue d’un métissage indien) de nationalité canadienne, mort en 2017. L’auteur a d’ailleurs choisi de donner une part importante dans son ouvrage à la culture et à la spiritualité indienne en plus de la thématique initiale de la rédemption. On retrouve ce thème par les deux principaux personnages qui sont objiwés ; mais également par la présence de rites tel que la scène de construction d’un tipi de sudation lors d’une tempête de neige.
L’adaptation de cet univers, bien loin des racines du dessinateur Vincent Turhan, est réussie. Il retranscrit très justement cette histoire émouvante auréolée de mysticisme par des dessins de qualité. Il semblerait qu’il utilise pour cela des pastels gras, ainsi que de la peinture. Les couleurs ont été sélectionnées avec soin, dans le nuancier d’une forêt en saison déclinante.
Il est à noter une absence de texte sur certaines planches, renforçant auprès du lecteur un sentiment de mélancolie entêtante. Une délicieuse contemplation se met alors en place et nous rappelle la beauté de la nature environnante. Un endroit parfait pour nos deux protagonistes qui marcheront ensemble vers l’aube de leurs espoirs.
Clara Nouaille