Le septuor qui avait fortement marqué les esprits il y a tout juste un an avec un premier album pour le moins remarquable, revient en force avec Ants From Up There, leur nouvel opus très attendu en ce début d’année 2022. Si la pérennité du groupe demeure incertaine depuis l’annonce du départ d’Isaac Wood au chant, Ants From Up There s’apparente d’ores et déjà à un réel chef d’œuvre.
Nous l’écrivions ici même il y a presque un an jour pour jour : Black Country New Road sortaient des sentiers battus, et leur premier album allait faire couler beaucoup d’encre. Force est de constater que nous avions eu le nez creux, l’année 2021 s’étant clôturé avec une forte présence du groupe dans les « Top 10 Albums of the year ». Et il y eu aussi leur inoubliable concert, sold out, au Trabendo, à Paris, en octobre dernier : une prestation au cours de laquelle les plus chanceux ont pu découvrir en avant-première les prémisses d’Ants From Up There (les morceaux Chaos Space Marine, Concorde, Bread Son, Good Will Hunting et Basketball Shoes figurant déjà sur la setlist). Les oreilles les plus affutées y auront incontestablement relevé le talent hors du commun d’Isaac Wood, jusqu’à le considérer comme le pilier, voire l’essence même du groupe : les plus clairvoyants spéculaient déjà sur sa future émancipation…
A l’instar du précédent album, Ants From Up There débute sur un jam instrumental, également appelé Intro. Dès les premières minutes d’écoute un point nous frappe : le groupe a changé. Grandi. Muri. L’amusement procuré par les sonorités folkloriques (que l’on retrouve sporadiquement sur Chaos Space Marine) semble avoir été mis de côté, tout en conservant des arrangements atypiques où les violons et cuivres sont de la partie, mais jouent dans une osmose émouvante, presque déconcertante…
Si les expérimentations sonores sont toujours à l’ordre du jour, Black Country New Road semblent « s’être trouvés », et ce autour d’un brillant travail de composition – qui ferait parfois presque écho aux plus grandes réussites de The Divine Comedy -, signé de la plume d’un Isaac Wood dont le talent est de plus en plus évident. Il est tout à fait possible de qualifier de pièces maitresses des titres comme Concorde, Bread Song ou Haldern…
Ants From Up There, c’est une heure de musique qui s’écoute du début à la fin, s’impose à nous sans aucune seconde à jeter. Et c’est là ce qui distingue un album exceptionnel de la production courante, même très bonne…
« And though England is mine / I must leave it all behind » (Et bien que l’Angleterre m’appartienne / Je dois tout abandonner) nous prévenait Isaac Wood dès les premiers mots de Chaos Space Marine… Alors, apothéose discographique temporaire ou chapitre final de l’histoire d’un groupe que son étonnant leader vient de quitter, justifiant son départ par un mal-être profond, voire des troubles mentaux ?
Seul le temps nous le dira. Une chose est sûre : Black Country New Road, en deux albums hors du commun, a d’ores et déjà conquis le droit de figurer au panthéon du rock british des années 2020.
Nayl Badreddine