Après l’impression mitigée mais sympathique laissée par le Mandalorian, il était difficile d’anticiper un aussi grave plantage de la même équipe, avec un Livre de Boba Fett qui ne peut qu’être qualifié que de grand n’importe quoi. Les cœurs des fans de Star Wars saignent.
Si les deux premières saisons du Mandalorian, en dépit de leur caractère enfantin, avaient leurs supporters, il va être beaucoup plus difficile de défendre le Livre de Boba Fett, tant on frôle cette fois le véritable accident industriel, tout en matérialisant les pires cauchemars des fans de Star Wars quant à la poursuite de la franchise par le « monstre au grandes oreilles ».
Explications… Boba Fett, le chasseur de prime, bien que très peu présent dans les deux « vraies » trilogies originales, a toujours été un personnage aimé des fans, sans doute beaucoup du fait de son mystère, et sa mort – présumée, et brutale – dans le Retour du Jedi avait mis un terme à ses aventures finalement jamais montrées à l’écran. L’idée de Jon Favreau et de son équipe est de le faire revenir des morts – échappant donc à son destin d’être digéré par le Sarlacc Pit -, vivre parmi les hommes des sables de Tatooine, puis ni plus ni moins remplacer Jabba The Hut comme daymo de la planète. Pourquoi pas ?
Le problème commence très vite quand les scénaristes font le choix malheureux, dans les premiers épisodes, d’une narration en parallèle de la résurrection et du retour de Boba Fett (la seule partie un peu intéressante de la série, très honnêtement, avec son intégration dans la société des Hommes des Sables) et celui de son affrontement, une fois devenu daymo, avec les guildes de commerçants / trafiquants d’épice (bon, les emprunts vis-à-vis de Dune deviennent presque caricaturaux, arrivés à ce stade…). 4 épisodes s’enchaînent de manière poussive, qui nous permettent de constater combien Tamuera Morrison manque désormais de charisme pour donner un peu de consistance à un personnage fort mal écrit (il ne semble plus rien rester de l’ancienne personnalité du chasseur de prime chez ce grand humaniste que Boba Fett est devenu !), et de déplorer que Ming-Na Wen en soit réduite à faire de la figuration utilitaire.
Et puis, patatras ! Les scénaristes, qui doivent s’ennuyer autant que nous, décident que Boba Fett, ça suffit comme ça, et que le Mandalorian, c’est bien mieux, ce qui nous vaut un virage à 360 degrés au cinquième épisode, qui poursuit sans ciller la saga de Din Djarin et de Grogu, là où la saison 2 l’avait abandonnée : c’est Bruce Dallas Howard qui se coltine la réalisation de ce retour étonnant, et de l’épisode sans doute le plus proche de l’esprit Star Wars ! On va ensuite avoir droit à un épisode 6 qui mélange du pur fan service (Luuuuuuuuuuke !) et une citation caricaturale du western leonien : Timothy Olyphant y revient encore une fois faire son tout petit tour, vêtu de sa crédibilité d’ex-marshall de Deadwood et de Justified. On hallucine.
https://youtu.be/acf9qytXoms
Mais c’est sans doute le long dernier épisode de la série qui plante le dernier clou dans un cercueil déjà bien capitonné : Robert Rodriguez, malgré son talent bien connu pour réaliser de jouissifs nanars d’action, n’arrive pas à animer l’électroencéphalogramme plat d’une interminable bataille rangée entre nos amis (oui, les sept ou huit personnages, tous d’ailleurs totalement insensibles aux rayons lasers et aux coups) et les « forces du mal » (qui sont une bonne douzaine quant à eux, visent aussi mal et tombent comme des mouches comme de vulgaires Stormtroopers d’antan). Alors que les dialogues continuent à décrire sans aucune vergogne cette bagarre de cour d’école comme une « guerre » (au point de provoquer l’hilarité des enfants de dix ans devant la télévision !), Rodriguez nous injecte un zeste de Godzilla et un doigt de King Kong sans pouvoir rien sauver de ce naufrage.
Je pense que le visionnage de ce désastre devrait motiver l’existence d’une pétition mondiale pour que Disney rende la franchise Star Wars à George Lucas, sans même parler de la démission immédiate de tous ceux impliqués dans cette sombre histoire.
Eric Debarnot