Si Tintin a marqué votre enfance et votre vision de l’aventure, la lecture de Sur les traces d’un petit reporter… vous est indispensable !
Tintin suscite toujours autant d’ouvrages. Sur les traces d’un petit reporter… est le tribut de deux amoureux de Tintin à leur passion. Ils ont lu et relu l’œuvre d’Hergé et nous partagent le fruit de leurs méditations : le rapport de Tintin à l’aventure.
Tintin est unique, tout en étant multiple. Au fils de ses aventures et à l’image de son créateur, le personnage a évolué, bouleversant le profil de ses tribulations. En 1929, l’aventure débute en solitaire au pays des Soviets. Milou est déjà présent, mais son rôle demeure secondaire. Tout imprégné de morale catholique et de scoutisme, le jeune reporter est pressé. Ingénieux et tout puissant, rien ne lui résiste, il court, sauve et protège. Le rythme est intense et les rebondissements peu réalistes.
Ce n’est que dans le neuvième album, Le Crabe aux pinces d’or, qu’Hergé lui offre un partenaire, encore imprévisible, le capitaine Haddock. Trois albums plus tard, le duo se muera en trio avec l’arrivée inopinée du professeur Tournesol. L’équipe emménagera à Moulinsart qui deviendra, dès lors, le point de départ de l’aventure, puis le lieu du retour.
Au fil des albums, la cadence s’apaise. Le rôle de Tintin évolue. Moins souvent à l’origine de l’action, plus fréquemment en retrait, il observe, hésite ou attend. Haddock ou Tournesol suppléent à ses absences. L’aventure se fait moins trépidante, plus sérieuse et souvent plus intérieure. Tintin parait moins sûr de lui, l’éternel boy-scout a mûri. En s’enrichissant de personnages secondaires, l’univers a gagné en épaisseur, voire en persistance.
Pour chaque album, Yves Crespel et Nicolas Goethals inventorient les sources documentaires utilisées par Hergé et dégagent les influences littéraires et journalistiques. Bien qu’intemporel, Tintin est aussi le fruit de son époque. L’éditeur refusant toute reproduction des vignettes, les auteurs proposent des renvois précis aux albums, indispensables pour apprécier le travail du maître. Tintin est unique.
Stéphane de Boysson