Ridley Road est une mini-série d’espionnage palpitante, inspirée de faits réels, se déroulant dans le Londres des années 60, au moment où l’extrême droite britannique tente de faire une percée à travers des actions contre les juifs.
Oublions un instant le Swinging London, oublions le côté pop léger et insouciant des années 60 en Angleterre pour revivre en quatre épisodes une période assez tragique de la récente histoire du Royaume Uni que l’on ne connaissait pas bien par chez nous, à savoir la résurgence du nazisme à travers le NSM (National Socialiste Movement) qui avait pour but de stigmatiser et persécuter les populations juives notamment à travers des actions violentes et des manifestations. À la tête de ce parti se trouvait Collin Jordan (Rory Kinnear), un instituteur (eh oui, ça peut arriver…) entourés d’hommes entrainés tels des commandos militaires, prêts à en découdre avec les opposants et à entreprendre des expéditions punitives à travers la ville.
Viviane Epstein, une jeune coiffeuse d’origine juive dont la vie à Manchester semble toute tracée avec un mariage arrangé, décide de désobéir à sa famille pour rejoindre Jack (Tom Varey) son amoureux parti sans prévenir à Londres. Arrivée sur place, elle découvre que son oncle (Eddie Marsan) est à la tête d’un réseau de résistance intitulé le « groupe 62 » qui tente de faire face à l’oppression des néonazis. Employée dans un salon, la jeune femme ne tarde pas à rejoindre l’organisation secrète de son oncle afin de devenir une espionne pour infiltrer les fascistes et si possible séduire l’horrible Collin Jordan.
Découpée en quatre parties, cette histoire, basée sur des faits réels et surtout sur le roman éponyme écrit par Jo Bloom, propose une belle reconstitution de l’époque, avec un récit haletant, tendu de bout en bout, avec une réalisation bénéficiant d’une mise en scène soignée.
À travers ce qu’elle décrit, le populisme grandissant, la peur de l’étranger, la haine du juif, des choses que l’on pensait disparues après la découverte des « camps de la mort », Ridley Road, écrite par Sarah Solemani, montre que la bête immonde ne cesse de vouloir relever la tête à n’importe quelle époque, dans n’importe quel contexte et que l’horreur peut déboucher au coin de la rue, à tout moment.
Au-delà de sa dimension historique implacable, cette série palpitante met en avant une jeune actrice remarquable Agnes O’Casey, parfaite dans son rôle de femme-double, avec une dimension hitchcockienne évidente dans son personnage et son apparence. La jeune femme crève littéralement l’écran durant les quatre épisodes.
Bref ne manquez pas ce thriller d’espionnage très réussi !
Benoit RICHARD