Dans Le Poids des héros David Sala se souvient de son enfance et plus particulièrement des récits de guerre de ses deux grands-pères. Une bande dessinée d’une grande beauté, tant dans la forme que dans ce qu’elle raconte.
Le nouveau livre de David Sala c’est d’abord un choc visuel, un émerveillement graphique avec une bande dessinée aux couleurs éclatantes, presque psychédéliques par moment, pour raconter l’enfance d’un petit garçon dans les années 70, vivant avec ses parents et son frère, et qui passent ses mercredis chez ses grands-parents. Des gens marqués par l’histoire, notamment par la seconde guerre mondiale mais également par le régime de Franco.
Le récit d’une enfance dans lequel les quinquagénaires actuels trouveront bien des « madeleines de Proust »… à travers les couleurs bien sûr mais aussi les motifs de papiers peints, les objets, les pull Jacquard ou des événements télévisuels comme cette diffusion en 3D du film L’Etrange Créature du lac noir, pour laquelle il fallait acheter des lunettes spéciales que l’on ne trouvait que dans le magazine Télé7jours. Tout un tas de souvenirs que David Sala réussit parfaitement bien à faire renaitre dans un livre, certes nostalgique autant dans sa forme que dans son contenu, mais également extrêmement émouvant dans lequel il tente de restituer, dans un style graphique assez impressionnant, l’enfer du camp de Mauthausen où fut emprisonné l’un de ses deux grands-pères.
Marqué par les récits et les souvenirs traumatisants de ces deux hommes qui ont vécu chacun leur guerre, David Sala n’en oublie pas pour autant son histoire personnelle, quand il évoque, dans la dernière partie de l’album, son passage à la vie d’adulte et toutes les galères qui l’ont accompagné au moment de devenir ce qu’il est aujourd’hui.
Sans aucun doute son livre le plus personnel et le plus beau à ce jour, Le Poids des héros confirme en tout cas la puissance graphique du style de David Sala, d’une liberté et d’une maîtrise absolue, avec un jeu sur les couleurs comme on en voit rarement. Un grand livre de bande dessinée qui constitue d’ores et déjà une des belles réussites de cette année 2022.
Benoit RICHARD