On est heureux de voir que l’écriture de la série Le Jeune Wallander s’améliore dans cette seconde saison, tout en gardant ce qui faisait sa force, des personnages complexes et ambigus. Une réussite, mineure certes, mais indéniable.
Si l’on évite de se désoler éternellement sur l’artificialité d’un polar suédois quasiment entièrement interprété par des acteurs britanniques et nous représentant une Suède où tout le monde parle anglais, il faut admettre que, malgré son charme, la première saison du Jeune Wallander souffrait d’un scénario trop complexe, sans doute trop ambitieux dans ses tentatives d’embrasser le contexte politique du pays – autour de la situation migratoire en particulière – et se perdant entre un excès de personnages et des difficultés à gérer de manière logique et parfaitement cohérente son intrigue. Un problème d’écriture qui a été, on est heureux de le dire, largement réglé dans cette seconde saison, bien plus modeste, bien plus simple (trop, peut-être ?), et qui du coup, s’avère plus satisfaisante aussi en ce qui concerne ses aspects psychologiques, et l’évolution de ses personnages.
On avait laissé le jeune inspecteur Wallander dévasté par la mort du commissaire qu’il admirait beaucoup, et dégoûté par l’impuissance et l’hypocrisie de la police… prêt à renoncer à son job (bien évidemment sans qu’on y croie une seconde, puisqu’on a tous lu les polars de Henning Mankell sur le « vieux Wallander » !). Au début de la seconde saison, alors qu’il hésite encore (juste un peu…) à retourner à la vie civile, il est confronté à l’assassinat mystérieux d’un jeune homme au sortir d’une boîte de nuit. La découverte de l’identité de la victime va faire ressurgir le spectre d’une ancienne affaire très médiatisée en Suède, sur laquelle sa chef a été la principale enquêtrice. Cette nouvelle affaire ébranlera à nouveau non seulement ses certitudes, mais remettra en question sa relation vis-à-vis de ses plus proches amis.
Le charisme indiscutable d’Adam Pålsson dans le rôle d’un Wallander brillant mais impulsif, capable de prendre de mauvaises décisions sous l’emprise de ses sentiments, reste le principal moteur de la série, mais au-delà d’une intrigue simple mais accrocheuse, qui nous ménagera toutefois son lot de surprises bien venues, c’est à nouveau la richesse des relations entre les personnages – presque tous attachants dans leur ambigüité et leurs imperfections – qui est le point fort de la série : entre le remplaçant du commissaire, bien décidé à professionnaliser le service, qui va secouer les habitudes de l’équipe, et le destin terrible des survivants du faits-divers originel, la série ne manque pas de substance. Son rythme est soutenu, sans les passages à vide qui caractérisent souvent les séries TV actuelles : les 6 épisodes de 50 minutes passent très vite, encourageant sans vergogne le bingewatching, jusqu’à un final très réussi – en dépit, on l’a déjà dit, de quelques fils mal démêlés.
Le Jeune Wallander confirme donc avec cette belle seconde saison être une valeur sûre pour qui est fan du polar scandinave, et entre franchement dans notre liste personnelle des séries que l’on attendra désormais chaque année.
Eric Debarnot