Pour la première fois parait en France Le Voyageur lointain, un roman graphique intime et d’une grande sensibilité qui raconte les années qu’a passées l’auteur aux États-Unis. Un livre considéré à ce jour comme le chef-d’œuvre d’Otto Gabos.
Les éditions Ici Même ont eu la bonne idée d’éditer pour la première fois en France Le Voyageur lointain, un récit de l’auteur de bandes dessinées italien Otto Gabos paru d’abord en plusieurs tomes en 2008 avant une seconde sortie en un seul volume en 2016. Mais c’est donc seulement en 2022 que cet ouvrage est traduit en français. L’occasion, sans doute, pour beaucoup de lecteurs de faire la connaissance d’un auteur reconnu en Italie, auteur de nombreuses publications et dont le style graphique se révèle tout de suite très attachant.
Dans ce récit autobiographique aux airs par moment de journal intime, Otto Gabos se met dans la peau de Roméo, un jeune homme qui décide de quitter son Italie natale, peu après le 11 septembre 2001, pour aller vivre en compagnie de sa compagne Diana à New York où va naître leur fils. Depuis toujours, Roméo voue un culte au mythe américain notamment grâce au cinéma, à la musique et à la bande dessinée qui lui ont permis au fil des années de se forger l’image d’un pays qu’il croit déjà bien connaître avant d’y vivre. Pourtant, l’installation va se révéler quelque peu compliqué pour le jeune couple qui va devoir faire sa place dans ce pays avec son climat, sa mentalité et ses paysages assez éloignés de ce qu’ils ont connu jusqu’alors.
Au fil des semaines, Roméo va apprendre à connaître cette ville, à travers des promenades dans certains quartiers, mais aussi à travers la rencontre de personnes plus ou moins étranges. Entre deux balades, il poursuit un travail d’écriture tout en préparant l’arrivée du bébé.
C’est un très beau récit qui mêle autobiographie et fiction avec même par moment à côté humour fantastiques ou thriller que nous offre l’auteur de Egon Schiele, racontant avec beaucoup de franchise et de sincérité ses quelques années passées à New York. Très vite on se met dans la peau du personnage dans ce New York enneigé parfaitement bien restitué, pour vivre à ses côtés ses errements, ses questionnements, ses doutes, ses angoisses ainsi que ses choix. Lui, ce garçon qui, loin de chez lui, déprime un peu, et dont le frère, mort quelques années auparavant semble le hanter de jour comme de nuit.
Considéré à ce jour comme « le chef-d’œuvre » d’Otto Gabos, Le Voyageur lointain méritait bien une traduction et une parution française. Merci aux éditions Ici Même pour ce choix éditorial pertinent.
Benoit RICHARD