Avec ce quatrième opus, Delirium clôt la série initiale du Mask, parue aux USA entre 1996 et 1998. Attention, c’est du lourd !
Avouons que le personnage (ou plutôt l’artefact) est méconnu en France. Le blockbuster familial interprété par Jim Carrey en 1994 est désormais oublié. Cette série associe de ténébreux scénarios de polars au monde délirant des cartoons cher à Tex Avery. Le pitch est original : le mystérieux Mask offre à son porteur la toute-puissance, l’invulnérabilité et la capacité de revêtir les formes les plus excentriques, tout en extirpant du fin fond de sa psyché les rancunes et les humiliations passées. La vengeance est un plat qui se mange froid et gaiment. Sans transition, le Mask vous transforme en un avatar du Joker, en plus fun.
Signée par Rich Hedden, la première histoire nous immerge dans le carnaval de la Nouvelle Orléans. Un jeune homme vole au secours de sa sœur qui a été plongée par un sinistre général haïtien, réminiscence du dictateur Papa Doc, et son complice sorcier vaudou, dans une salle affaire de snuff movie. Typiques des années 1990, le trait et la colorisation de Goran Delic manquent de finesse, mais son Mask est hyperactif. Il porte le costume de père Noël, d’entraineuse ou de Tarzan avec la même énergie.
Le second arc narratif est plus travaillé. Un artiste incompris se voit proposer la possibilité de se venger de ses anciens camarades d’université. Dans l’esprit du Seven de David Fincher, il y déploiera toute sa créativité blessée. Le ton de Bob Fingerman est résolument noir et l’ironie cruelle. Ce Mask tue froidement et salement, pour un préjudice initial, somme toute, ténu. Si la comédie familiale s’est muée en thriller cynique et morbide, le dessin de Sibin est particulièrement plaisant et son Mask demeure jubilatoire.
Stéphane de Boysson
The Mask 4 : Carnaval
Scénario : Rich Hedden, Bob Fingerman
Dessin : Goran Delic, Sibin
Éditeur : Delirium
200 pages – 24 €
Parution : 4 février 2022
The Mask 4 : Carnaval – extrait :