Dans le but de réveiller une compagne présidentielle anémique, le dessinateur de presse et bédéiste belge Marc Dubuisson publie un petit précis d’ironie politique, avec une touche de cocasse.
À la stupéfaction générale, le vainqueur de la présidentielle des États-Unis de la République se révèle être… une noix de coco. Si on admet que les favoris étaient le « candidat d’extrême-droite pro-armes et climato-sceptique et la candidate néo-libérale qui souhaite interdire la mort avant l’âge de la retraite pour optimiser la productivité nationale », la surprise est plutôt bonne.
Après tout, la première puissance mondiale nous a bien offert des présidents lunatiques, hystériques ou séniles, sans pour autant que la politique de ce pays, théoriquement ami, ait été foncièrement différente. Un président mutique présente des avantages : il ne divise pas l’opinion, il laisse ses collaborateurs et les journalistes libres d’interpréter à leur guise ses silences, ouvrant à l’infini le jeu des possibles.
Marc Dubuisson s’engouffre dans la brèche et, avec un réjouissant sens de l’absurde et de la concision, parodie l’exercice de la politique contemporaine et l’administration des grandes puissances démocratiques. Au fil des pages, journalistes et députés de la majorité et de l’opposition, analystes et sondeurs, chauffeurs de taxi et publicitaires, sans oublier les citoyens de base, qu’ils soient soumis ou contestataires, tous rivés à leurs réseaux sociaux, commentent l’évènement et, de façon étonnamment rapide, s’habituent. Et la noix de coco devint tendance.
Le dessin des carrés de strips en deux planches est minimaliste, mais expressif et toujours au service du texte. Seuls les décors et la noix de coco bénéficient d’un petit effort de réalisme.
Il est à craindre que la fonction politique ne sorte guère grandie de ce joyeux jeu de massacre, que les taux de participation aux prochaines échéances électorales stagnent, mais la cause semblait déjà perdue. Votez quand même.
Stéphane de Boysson