Pour son nouveau roman, Mur de nuages, Marie Modiano nous invite à suivre les traces de Lantos, un orphelin devenu joueur de mandoline. Un récit initiatique qui mêle avec finesse réalisme et onirisme.
Chanteuse, écrivaine, la fille du grand Patrick sortait l’année dernière un album (Songs From The Other Side) en compagnie de son mari Peter Von Poehl. Cette fois on retrouve Marie Modiano dans la rubrique littéraire avec un nouveau roman Mur de nuages, paru dans la collection l’arbalète de Gallimard, qui fait suite au recueil Pauvre chanson et autres poèmes paru en 2018.
Derrière ce titre aux accents poétiques, on découvre l’histoire de Lantos, un enfant mordu par un scorpion dans sa petit enfance, abandonné, puis recueilli par une famille d’accueil après être passé par l’orphelinat. Malgré la complicité qui le lie avec sa sœur adoptive Ulli, Lantos ne se plaît pas dans cette famille ; il n’a qu’un souhait, s’échapper, partir loin d’ici pour vivre l’aventure. Plus tard, on le découvrira musicien, joueur de mandoline, pauvre, mais amoureux de Frida, une chanteuse qu’il rencontre dans la misère de Vera Sol, une ville imaginaire où le danger guette à chaque coin de rue. Mais la chance semble sourire à notre jeune couple lorsqu’il se voit invité dans la ville haute, celle des riches, par le représentant d’une entreprise de véhicules de luxe pour animer une soirée.
Le couple découvre alors un autre monde, et entrevoit pourquoi pas l’espoir d’une vie nouvelle. Mais Lentos est né sous une mauvaise étoile. Et quand le ciel semble s’éclaircir au-dessus de sa tête, apparaissent déjà au loin de gros nuages noirs annonciateur de nouveaux problèmes.
Dans ce roman à l’ambiance étrange, à la fois conte noir et récit initiatique, Marie Modiano tisse le portrait d’un monde, d’un pays lointain que l’on suppose être en Amérique Centrale peut-être, à travers le parcours chaotique de Lantos.
Dans un récit où les chapitres vont et viennent entre passé et présent, avec une écriture qui sert parfaitement le récit, on avance on erre parfois mais sans jamais vraiment se perdre, on se laisse même emporter par le ton mélancolique de cette histoire jamais totalement noire située dans un lieu et une époque indéterminés. Un roman qui mélange réalisme et onirisme avec beaucoup de finesse.
Benoit RICHARD