Après Maria Schneider, Vanessa Schneider dresse un tout autre portrait dans La fille de Deauville, celui de Joëlle Aubron, membre d’Action directe. Un fille issue d’un milieu bourgeois qui a assassiné Georges Besse en 1986.
Ceux qui ont 50 ans et plus se souviennent sans doute des quatre visages mal photographié en noir et blanc placardés sur les murs des villes de France en 1986 quand Pasqua avait décidé qu’il fallait absolument mettre fin aux agissements terroristes des membres d’action directe qui venaient d’assassiner quelques semaines auparavant le patron de Renault, Georges Besse. Personne n’a oublié non plus l’arrestation médiatisée de ces quatre membres Le 21 février 1987, qui étaient reclus dans une ferme à l’abri des regards dans une ferme de la commune de Vitry-aux-Loges, C’est sur l’histoire de trois des membres d’Action directe (Jean-Marc Rouillan, Nathalie Ménigon, Joëlle Aubron) que revient Vanessa Schneider dans son nouveau récit, et plus précisément sur Joëlle Aubron, qui avait rejoint le groupe action directe À la fin des années 70.
Intriguée, troublée comme beaucoup de gens dans les années 70 et 80 par le terrorisme idéologique qui sévissait à cette époque en Europe et donc en France avec Action Directe, Vanessa Schneider – grande reporter au Monde – mélange fiction et réalité dans un récit très documenté qui s’appuie sur une bibliographie dans laquelle elle est allée chercher moult informations relatant le passé des membres d’Action directe, l’idéologie profonde de ses membres, pour tenter d’en faire un portrait le plus juste possible.
Elle a décidé de s’arrêter plus longuement sur la personnalité de Joëlle Aubron, sur le parcours de cette femme complexe, sur le cheminement qui l’a conduite à rejoindre à AD. Une fille qui a tout quitté, qui rompu les liens avec sa famille et ses amies, pour entrer dans la clandestinité jusqu’à l’assassinat de Georges Besse en 1986.
En parallèle, Vanessa Schneider esquisse le portrait d’un flic imaginaire, Luigi Pareno, un homme acharné, luis aussi troublé par la personnalité de Joëlle Aubron, mais que mettra toute son énergie et son savoir-faire de policier pour mettre fin aux exactions d’Action directe.
On lit ce récit comme un véritable polar. Malgré le fait que l’on connaisse à peu près tous les tenants et les aboutissants de cette affaire, on replonge avec curiosité dans le passé pour se souvenir de ces années de plomb à la française. Sans nostalgie ni fascination aucune, avec juste ce qu’il faut de romanesque, Vanessa Schneider nous offre un récit captivant sur une époque très violente où l’où l’on tuait sauvagement pour des idées politiques et non pas pour des idées religieuses comme c’est le cas aujourd’hui.
Benoit RICHARD