Avec Le Soleil des mages, Mortis Ghost bouscule un classique pour célébrer, avec poésie, humour et talent, l’amitié et la solidarité.
Sarmoumane perd la tête et sombre du côté noir de la magie. Goudalf, son vieil et immortel ami, est convaincu que seule la destruction dans les laves du volcan Mourdor d’une bague maudite appartenant à Prodon pourra le sauver. N’écoutons que son bon cœur, il convainc Prodon, Samouel, Aragorna – première femme forte à intégrer la Communauté de l’anneau – et Yegolas de l’accompagner. Ils effectueront la première partie du voyage en voiture, puis ils continueront en train. En partant dès le vendredi soir, ils seront de retour à temps dimanche, pour reprendre le travail lundi matin.
Bien entendu, vous avez cru reconnaître le pitch du Seigneur des Anneaux ! C’est bien lui, seulement Mortis Ghost réécrit le célèbre classique du l’heroic-fantasy, en l’actualisant et en le simplifiant. Si le pari est audacieux, peut-être même, pour certains puristes, outrageant, il est objectivement réussi. Saroumane n’incarne plus le mage maudit, mais, plus prosaïquement, un vieil ami en danger manifestement « marabouté » par plus sorcier que lui. Goudalf bat le rappel de leurs copains communs, afin d’entreprendre un voyage pénible, mais sans réelle opposition. Ensemble, ils affronteront la fatigue, un agent de sécurité hargneux, une grève de trains et une panne mécanique. Oubliez le roman épique et la lutte apocalyptique entre les forces du bien et du mal, pour célébrer l’amitié et la vie de tous les jours.
Par sa fausse simplicité, son second degré décalé, son authentique ligne claire aux formes arrondies et ses couleurs acidulées, le dessin de Ghost surprendra. Regardez bien : les décors sont originaux et tous emprunts d’une véritable poésie. L’autoroute dans la nuit ou la descente nocturne dans le tunnel de métro désaffecté sont d’une réelle beauté… Le trait est minimaliste, les dialogues naïfs, mais l’ensemble est riche, drôle et invite à célébrer l’amitié. L’identification aux personnages en est facilitée. L’ami ! Interroge-toi : qu’as-tu fait de ton frère ?
Stéphane de Boysson